Bassin d’Apollon et Grand Canal
Allées d’Apollon au Grand Canal
Au bas de la Grande Perspective, au-delà de la demi-lune du bassin d’Apollon, la place à la tête du Grand Canal – elle aussi en demi-lune jusqu’à sa transformation en allées entre 1701 et 1707 – reçut un décor sculpté constitué de statues disposées sur de hauts socles.
En 1686, douze sculptures sont attestées « entre le Canal et le bassin d’Apollon ». Grâce à un plan non daté (fig. 1), mais qui comporte les numéros de l’inventaire de 1686, il est possible de situer précisément ces sculptures. Ainsi, côté sud, d’ouest en est :
- no 64 : Apollon (Vjs 799) ;
- no 65 : Cléopâtre (MR 132) ;
- no 66 : Agrippine (MR 280) ;
- no 67 : La Lumière (MR 1755) ;
- no 68 : Le Gouverneur (Vjs 794) ;
- no 69 : Constantin (MR 358).
Et, côté nord, d’est en ouest :
- no 70 : Orphée de Franqueville (MR 1858) ;
- no 71 : Antinoüs (Vjs 798) ;
- no 72 : Femme (MR 2001/Ma 4789) ;
- no 73 : Femme (Vjs 1139)
- no 74 : Vénus Médicis (MR 1995) ;
- no 75 : Cléopâtre (MR Sup. 6).
Six de ces sculptures regardaient alors vers l’ouest, adossées à deux parcelles boisées situées entre le bassin d’Apollon et le Grand Canal et qui ont été supprimées en 170411. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du roi, 1704, fol. 284-285 ; Piganiol de La Force, 1701, p. 209 (« une demi-lune ornée de douze statues posées symétriquement, six de chaque côté ») ; Piganiol de La Force, 1707, p. 221 (« le long des palissades de charmille qui sont entre le bassin d’Apollon et le canal, il y a douze statues, six de chaque côté »)..
Le 9 avril 1684, le tailleur de pierre Noël Picot fut rétribué pour « avoir taillé six pied’estaux pour les figures de marbre au bout de l’allée Royalle22. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 425, paiement du 9 avril 1684. ». Il est probable que les six autres piédestaux aient été installés au même moment.
En janvier et mars 1685, le voiturier Rinquet reçut le « parfait payement des pied-destaux qu’il a voiturez à Apollon »33. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 635, paiements des 21 janvier et 18 mars 1685..
Parmi ces douze sculptures, sept sont antiques, ou réputées telles :
- Le « Mémoire des figures tant de marbre que de plastre et autres choses que Monseigneur le marquis de Louvois a ordonnées estre tirées du magazin des antiques du Palais-Royal depuis le 6e octobre 1683 jusques au 4e octobre 1687 » signale, à la date du 29 octobre 168344. Mémoire des figures sorties du magasin des Antiques sur ordre de Louvois, 1683-1687. : « L’on a porté à Versailles une Agrippine tenant son enfant Néron [MR 280], ou plutost une Fécondité, haute de 6 pieds […] ; plus une figure représentant La Fortune [Vjs 794], haute de 6 pieds. »
- En janvier 1685, le sieur de La Feronnaye fut rétribué « pour une figure de marbre blanc représentant l’Antinoüs qui a esté amenée de Petit-Bourg à Versailles55. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 660, paiement du 28 janvier 1685 (1 500 livres). » : il s’agit probablement de l’Antinoüs (Vjs 798) destiné à la demi-lune d’entrée du Grand Canal.
- Constantin (MR 358) fut restauré par François Girardon en 1685.
- La Femme (MR 2001/Ma 4789) provenait de la Grande Galerie du château : c’est ce qu’indique le guide de Jean-Aymar Piganiol de La Force publié en 1701.
- L’autre statue de Femme (Vjs 1139), de provenance inconnue, fut identifiée à l’extrême fin du xviie siècle comme une représentation d’Agnodice.
- La Vénus Médicis (MR 1995), dont l’inventaire de 1686 ne précise pas si elle est antique ou moderne, est partiellement antique.
Les cinq autres sculptures mentionnées par l’inventaire de 1686 sont modernes :
- La statue d’Apollon (Vjs 799) est attribuée à Baccio Bandinelli ;
- Attribuée à Pierre Franqueville par l’inventaire de 1686, la statue de Cléopâtre (MR 132) est en fait une œuvre anonyme française ou italienne du xviie siècle66. Bresc-Bautier, 1996, p. 75 (attr. à Goy par confusion avec une copie de la Cléopâtre du Belvédère exécutée par ce sculpteur). ;
- La Lumière correspond à La Clarté de Lazzaro Baldi (MR 1755) ;
- Orphée, de Pierre Franqueville (MR 1858), provenait de l’hôtel de Gondi, passé aux Condé en 1612 et transporté après 1644 au château d’Augerville-la-Rivière ;
- La seconde statue de Cléopâtre (MR Sup. 6) est une œuvre italienne du xviie siècle77. Bresc-Bautier, 1996, p. 71-72..
Une Cléopâtre fut achetée en 1684 à Galland88. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 464, paiement du 9 avril 1684. : il s’agit sans doute d’une des deux statues de la demi-lune d’entrée du Grand Canal.
Seulement dix œuvres sont attestées par l’inventaire de 1694.
Schéma de répartition des sculptures selon l’inventaire de 1694 :
Les sept sculptures notées en gras sont attestées (mais pas nécessairement aux emplacements consignés en 1694) par l’inventaire de 1686.
Cinq œuvres ont quitté la place à la tête du Grand Canal entre 1686 et 1694 :
- Apollon (Vjs 799), transféré à Marly, où il est attesté en 1695 comme « tiré près le Canal de Versailles » par l’« Estat des figures, groupes et vases de marbre, plomb, bronze et cuivre posez dans le jardin de Marly » ;
- Cléopâtre (MR 132), mentionnée en magasin par l’inventaire de 1707 ;
- Antinoüs (Vjs 798), identifiable à la statue de même sujet évoquée au bosquet du Dauphin par l’inventaire de 1694 ;
- La Vénus Médicis (MR 1995), citée au bosquet de l’Étoile par l’inventaire de 1694 ;
- Cléopâtre (MR Sup. 6), mentionnée à Marly comme provenant du magasin de Versailles par l’« Estat des figures, groupes et vases de marbre, plomb, bronze et cuivre posez dans le jardin de Marly » de 1695.
Cinq œuvres ont été disposées entre 1686 et 1694 sur la place à la tête du Grand Canal :
- Auguste (MR 319), de provenance inconnue ;
- Apollon (MR 91), de provenance inconnue ;
- Le Sénateur de Langres (ex-Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3513), offert à Louis XIV par les échevins de Langres en 1684 et restauré par Girardon en 1685 ;
- Hercule (Vjs 806), provenant du bassin de Neptune ;
- Un second Sénateur (Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3522bis), provenant du Louvre, où il avait été gravé par Étienne Baudet en 1677.
- Selon le guide de Piganiol de La Force publié en 1701, ce second Sénateur (Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3522bis) provenait de la Grande Galerie du château.
Une annotation portée sur l’inventaire de 1694 stipuleque Clitie [La Clarté (MR 1755)] a été retirée en août 1696 et remplacée par Junon.
Il s’agit de la Junon de Smyrne (MR 250), provenant de l’allée Royale – où elle a été remplacée par la Vénus Richelieu (MR 2021) de Pierre Legros.
L’état de 1696 est confirmé par l’édition de 1701 du guide de Piganiol de La Force99. Piganiol de La Force, 1701, p. 209-214..
Schéma de répartition des sculptures selon l’édition de 1707 du guide de Piganiol de La Force, après transformation de la place et de sa demi-lune en allées :
Entre 1701 et 1707, deux œuvres ont quitté la partie nord de la place à la tête du Grand Canal :
- Le Sénateur de Langres (ex-Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3513), transféré à l’extrémité nord de la demi-lune du bassin d’Apollon ; il est remplacé par L’Abondance (Vjs 794), provenant du socle voisin ;
- La Femme (Vjs 1139), dont la trace se perd.
Entre 1701 et 1707, deux œuvres ont été disposées dans l’allée septentrionale :
- Antinoüs (Vjs 798), provenant peut-être du bosquet du Dauphin et, antérieurement, de la place à la tête du Grand Canal, installé à la place de L’Abondance (Vjs 794) ;
- Titus (Vjs 820), de provenance inconnue, installé à la place de la Femme (Vjs 1139).
Commandé en 1713 pour Trianon, le tableau de Pierre-Denis Martin (fig. 2) montre dix des douze sculptures :
- Dans l’allée méridionale, d’est en ouest : Hercule (Vjs 806) au lieu de Titus, qui n’est pas représenté ; La Victoire (MR 2001) ; Junon de Smyrne (MR 250) ; Agrippine (MR 280) ; et le Sénateur (Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3522bis).
- Dans l’allée septentrionale, d’est en ouest : Orphée (MR 1858) ; Apollon (MR 91) ; L’Abondance (Vjs 794) ; Antinoüs (Vjs 798) ; et Titus (Vjs 820).
L’état de 1707 est confirmé par le plan du recueil de Pierre Lepautre daté de 1711. Cet état est encore indiqué par le plan gravé de Jean Raymond (fig. 3), publié en 1714, d’après un dessin du fontainier Dominique Girard et par l’inventaire de 17221010. Inventaire des sculptures, 1722, p. 73-76..
Une annotation portée sur un autre exemplaire de l’inventaire de 1722 rapporte, à propos de L’Abondance (Vjs 794), que « laditte figure est tombée par morceau de vétusté en 1732. Elle est remplacée par une figure antique qui estoit dans un magazin sous les voustes de la grande aile [aile du Midi] représentant Clitie [La Clarté, MR 1755]1111. Inventaire des sculptures, 1722-1, fol. 57. ».
De retour sur les allées d’Apollon au Grand Canal, Clitie ou La Clarté (MR 1755) fut généralement désignée sous l’appellation de L’Abondance, par confusion avec l’œuvre dont elle a pris la place.
Le 19 juillet 1797, le conseil d’administration du Musée central des arts décida le transfert à Paris des œuvres suivantes1212. Procès-verbaux du conseil d’administration du Musée central des arts, janvier 1797-juin 1798, p. 115-117 (séance du 19 juillet 1797), à la p. 116. :
- au nord, d’est en ouest : « une statue impériale avec une cotte de maille » (Auguste, MR 319), « Antinoüs, dont le torse est antique » (Vjs 798), « une statue impériale avec cuirasse » (Titus, Vjs 820) ;
- au sud, d’est en ouest : « Hercule, dont le torse est antique » (Vjs 806), « une statue impériale dont la cuirasse et les brodequins sont remarquables » (Titus, MR 358), « une figure de femme drapée dont le torse est antique » (La Victoire, MR 2001), « une Junon » (MR 250), « une femme tenant un enfant sur son bras » (Agrippine, MR 280), « une Muse drapée dont le torse est antique ».
Cette dernière Muse n’est mentionnée que par cette source.
En 1787, Louis-Jacques Durameau atteste encore sur ce socle le Sénateur (Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3522bis), lequel aurait difficilement pu être pris pour une muse. Il s’agit probablement d’une erreur d’intitulé.
Le 6 décembre 1799, le conseil d’administration du Musée central des arts fit un nouveau recensement des sculptures destinées à être transférées à Paris1313. Procès-verbaux du conseil d’administration du Musée central des arts, juin 1798-septembre 1800, p. 242-245 (séance du 6 décembre 1799), à la p. 244.. Cette seconde liste reprend les œuvres indiquées en 1797, à l’exception de La Victoire (MR 2001) et de la mystérieuse « Muse drapée dont le torse est antique », qui n’y figurent pas.
Les six statues de la liste furent retirées des allées d’Apollon au Grand Canal au plus tôt en décembre 1799 et, pour cinq d’entre elles au moins, envoyées au Louvre. L’historique de l’Antinoüs (Vjs 798) est inconnu après son retrait des allées d’Apollon.
Selon la Notice des tableaux, statues, vases, bustes, etc., composant le musée spécial de l’École française en 1801-1802, seules cinq sculptures subsistaient dans les allées d’Apollon au Grand Canal1414. Notice du Musée spécial, [1801-1802], p. 119. :
- Trois au nord : Orphée de Franqueville (MR 1858), Apollon (MR 91) et L’Abondance (MR 1755) ;
- Deux au sud : La Victoire (MR 2001) et Agrippine (MR 280).
En 1804, le Cicerone de Versailles précise que sept des douze sculptures qui se trouvaient dans les allées d’Apollon au Grand Canal sous l’Ancien Régime « ont été enlevées et décorent maintenant le péristyle des Tuileries. Il ne reste plus, du côté du nord, qu’Orphée jouant du violon et ayant entre ses jambes le chien Cerbère [MR 1858], Apollon [MR 91] et L’Abondance [MR 1755] ; du côté du midi, La Victoire [MR 2001] et Julia [MR 1949]1515. Duchesne, 1804, p. 72. ».
Cette dernière sculpture avait orné, avant 1800, le pourtour du bassin du Miroir.
Ces indications sont confirmées par Michel-Antoine Garreau, qui dresse un plan et représente les cinq œuvres en 18161616. Garreau, 1816, p. 177 et 184-187. :
Cet état est encore corroboré par l’inventaire datable de 18191717. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, [1819]., ainsi que par le plan publié en 1821 par Charles Picquet.
L’Apollon (MR 91) est situé en magasin par l’inventaire MR. Il n’est plus attesté en place par le guide de Jean Vaysse de Villiers en 1822. L’œuvre est signalée comme détruite par l’inventaire des magasins de Versailles en 1846.
En 1827, le guide de Vaysse de Villiers répertorie dix sculptures en place1818. Vaysse de Villiers, 1827, p. 209-210. :
Des six nouvelles sculptures, au moins trois provenaient du musée du Louvre :
- remplaçant un premier Apollon (MR 91), le second Apollon (MR 1893), qui fut complété par Bartolomeo Cavaceppi au xviiie siècle et restauré par Jean-Baptiste Beaumont en 1828 ;
- l’Empereur romain (MR 165), issu de la collection Richelieu, restauré par Jean-François Lorta « dans l’atelier des statuaires » en 1822 ;
- Hercule (MR 1942) issu lui aussi de la collection Richelieu.
Hercule Farnèse (MR 218) et Cléopâtre (MR 132), cette dernière faisant retour aux allées d’Apollon au Grand Canal, provenaient des réserves de Versailles.
La Victoire (MR 2001) fut retirée vers 1833.
Schéma de répartition des sculptures selon l’inventaire de 18501919. Inventaire de Versailles de 1850, p. 515-516. :
Trois nouvelles sculptures sont attestées par l’inventaire de 1850, toutes situées dans l’allée méridionale :
- Le Consul (MR 135)
- Le Génie ailé de Claude Michel, dit Clodion (MR 1789)
- La Femme tenant un enfant (MR 195)
Le Consul (MR 135) provenait des magasins de Versailles, où il apparaît dans l’inventaire MR. Il fut restauré par Jean-Baptiste Beaumont en 1828.
Le Génie ailé de Clodion (MR 1789) est attesté par l’inventaire MR au « palais de Versailles » et par un inventaire non daté des dépendances de Versailles, au « dépôt sous l’Opéra ». L’œuvre provenait antérieurement du tombeau de la comtesse d’Orsay dans l’église d’Orsay.
Provenant de la collection Richelieu, la Femme tenant un enfant (MR 195) est attestée par l’inventaire MR en magasin à Versailles. Elle fut restaurée par Jean-Baptiste Beaumont en 1829.
En 1851, la statue d’Orphée (MR 1858) fut transférée au musée du Louvre. Une note marginale portée sur l’inventaire de 1850 indique que l’Orphée (MR 1858) a été remplacé par un Bacchus. Il s’agit du Bacchus inventorié en 1857 sous le numéro 7849.
En 1863, l’Empereur romain, dit Clodius Albinus (MR 165), fut gravement endommagé par la chute d’un arbre. Il fut remplacé par le Bacchus de Robert Le Lorrain (MR 1806). Depuis lors, il n’est plus localisé.
L’état de 1851 est encore attesté en 1875 par une liste des travaux exécutés cette année-là2020. Liste des travaux exécutés entre 1875 et 1880, mois de novembre 1875.. Curieusement, ce dernier document ne signale pas le remplacement de l’Empereur romain, dit Clodius Albinus (MR 165), par le Bacchus de Le Lorrain (MR 1806).
Plusieurs modifications sont attestées en 1885 par le Programme du jeu des eaux du parc contenant la description des palais et jardins de Versailles et de Trianon2121. Programme du jeu des eaux, 1885, p. 11. :
- Le Génie ailé de Clodion (MR 1789) est déplacé sur le socle précédemment occupé par Junon ou Julia (MR 1949), le sixième en partant de l’est dans l’allée méridionale, ce qui laisse supposer que Junon ou Julia (MR 1949) est alors transférée en réserve.
- l’Hercule Farnèse (MR 218) est placé dans l’allée méridionale, sur le socle occupé précédemment par le Génie ailé de Clodion (MR 1789).
- Dans l’allée septentrionale, l’Hercule Farnèse (MR 218) a été remplacé par un Personnage romain (2012.00.1414), provenant du musée du Louvre en 1864. Celui-ci avait d’abord été installé à l’extrémité septentrionale de la demi-lune du bassin d’Apollon.
Schéma de répartition des sculptures selon l’état attesté par le recueil de Masson en 19062222. Masson, 1906, pl. IX. :
De retour sur son socle, la statue de Junon (MR 1949) a remplacé le Génie ailé de Clodion (MR 1789), mis en réserve.
En 1926, les statues de Bacchus (inv. 1857.7849 et, pour la tête, MV 7437) et d’Hercule (MR 1942), ruinées, ont été mises à l’abri. Elles ont été remplacées par des copies dues au sculpteur Louis-Aimé Lejeune pour Bacchus (inv. 2009.00.082) et au sculpteur René Grégoire pour Hercule (inv. 2009.00.081).
Bassin d’Apollon et Grand Canal
En 1633, une grande pièce d’eau de forme rectangulaire quadrilobée fut creusée à l’extrémité occidentale de la principale perspective des jardins de Louis XIII. Dite des Cygnes, cette pièce d’eau prit l’appellation de bassin d’Apollon à la fin des années 1660, lors de l’élargissement de l’allée Royale et du creusement du Grand Canal.
Un important groupe sculpté en plomb doré fut alors commandé au sculpteur Jean-Baptiste Tuby, Apollon sur son char, tiré par quatre chevaux et entouré de quatre tritons et de quatre monstres marins (inv. 1850.9137).
La première trace comptable de ce groupe sculpté date de mai 16682323. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 253, paiement du 13 mai 1668.. L’œuvre était alors en cours d’exécution. Un paiement de mai 1670 atteste que l’œuvre était à cette date transportée à Versailles2424. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 428, paiement du 5 mai 1670 au voiturier René Noisette..
À partir d’août 1670, Jacques Bailly fut rétribué pour « avoir bronzé » le groupe d’Apollon sur son char2525. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 421 (paiements des 28 août et 1er novembre 1670) et col. 527 (paiement du 24 août 1671 concernant les quatre tritons et les quatre monstres marins)..
L’œuvre fut installée au centre du bassin avant janvier 16712626. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 430, paiement du 4 janvier 1671 au voiturier Pierre Millard..
Selon Claude Nivelon, Charles Le Brun avait donné le dessin de cette sculpture de grande ampleur2727. Vie de Le Brun, vers 1699, p. 420. : un char solaire conduit par le dieu et à l’avant duquel est assis un amour, tiré par quatre chevaux et environné, sur les axes principaux, de quatre tritons et, dans les diagonales, de quatre monstres marins.
Apollon est représenté comme un triomphateur, assis et coiffé de la couronne de laurier, qui quitte quotidiennement l’onde et s’élève dans les airs pour dominer le monde.
Le sculpteur s’est inspiré de la composition peinte par Guido Reni pour le casino dell’Aurora, dépendance d’un des palais de la famille Borghèse situé sur le Quirinal et passé ensuite aux mains du cardinal Mazarin et de sa famille (aujourd’hui palazzo Rospigliosi-Pallavicini).
La figure d’Apollon fait aussi référence à la célèbre statue antique du Mars Ludovisi, une des œuvres antiques les plus célèbres des collections romaines.
Bien que placé à l’ouest, le groupe d’Apollon sur son char représente le lever du soleil, au sein d’un univers qui semble avoir été entièrement recomposé par le caprice et pour la gloire de Louis XIV. De ce fait, la représentation du lever du soleil se trouve éclairée par le soleil levant.
Par anticipation, la première description du bassin fut publiée par Jean de La Fontaine en 1669, au sein du recueil Les Amours de Psyché et de Cupidon, alors même que le groupe sculpté était en cours d’exécution aux Gobelins :
« Enfin par une allée aussi large que belle
On descend vers deux mers d’une forme nouvelle.
L’une est un rond à pans, l’autre est un long canal,
Miroirs où l’on n’a point épargné le crystal.
Au milieu du premier, Phébus sortant de l’onde
A quitté de Thétis la demeure profonde.
En rayons infinis l’eau sort de son flambeau.
On voit presque en vapeur se résoudre cette eau.
Telle la chaux exhale une blanche fumée.
D’atomes de crystal une nue est formée.
Et lorsque le soleil se trouve vis-à-vis,
Son éclat l’enrichit des couleurs de l’iris.
Les coursiers de ce dieu, commençant leur carrière,
À peine ont hors de l’eau la croupe tout entière.
Cependant, on les voit impatients du frein,
Ils forment la rosée en secouant leur crin.
Phébus quitte à regret ces humides demeures.
Il se plaint à Thétis de la hâte des Heures. »
En 1737, le sculpteur Jean-Baptiste II Lemoyne fut chargé de restaurer le groupe d’Apollon sur son char2828. Comptes des Bâtiments du Roi, 1737, fol. 26-27.. Il remplaça le deuxième cheval à senestre, dont la bride porte ses initiales.
Une intervention du sculpteur Jules-Antoine Rousseau est également attestée en 17382929. Registre des extraits du département de Versailles, 1737-1745, fol. 22v..
Le groupe d’Apollon sur son char fut l’objet d’importantes interventions en 1906-1907 et de 1924 à 19333030. Mémoire de sculpture par Guilloux, 3 février 1908 ; Devis approximatif par Rudier, 24 janvier 1923 ; Dossier relatif à la restauration d’Apollon sur son char par Rudier, 1925 ; Dossier relatif à la restauration d’Apollon sur son char par Rudier, 1927 ; Soumissions de Berson et Rudier, 8 avril 1929 ; Mémoire de plomberie d’art par Rudier, 10 mars 1933. De nombreuses parties furent entièrement remplacées, ce qui rend l’œuvre de Tuby difficile à apprécier.
Tuby fut également chargé de deux groupes complémentaires (Vjs 881 et Vjs 882). Le premier paiement les concernant date de juin 16723131. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 616, paiement du 20 juin 1672. : le travail est alors en cours.
Ces deux groupes furent de même exécutés aux Gobelins. Ils furent transférés à Versailles avant janvier 1677, date du paiement versé au voiturier chargé de les acheminer, et disposés à l’extrémité orientale du Grand Canal3232. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 912, paiement du 4 janvier 1677.. Le parfait paiement de juillet 1679 indique qu’ils sont en place3333. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1157, paiement du 9 juillet 1679..
Il s’agissait de deux groupes en plomb de Cheval marin chevauché par un amour tenant une corne d’abondance, symbole des bienfaits du soleil sur le monde, et devancé par un autre amour tenant une coquille.
Selon Claude Nivelon, Charles Le Brun avait aussi donné le dessin de ces deux œuvres3434. Vie de Le Brun, vers 1699, p. 422..
Encore mentionnés par l’édition de 1755 du guide d’Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville, les deux groupes disparaissent de celle de 1768, qui en est la mise à jour3535. Dezallier d’Argenville, 1755, p. 94 et Dezallier d’Argenville, 1768, p. 105.. Ils sont toutefois encore attestés par un « État des réparations les plus urgentes à faire au château de Versailles pendant l’année 17763636. État des réparations à faire au château de Versailles en 1776. ». Ils sont en outre situés sur le plan gravé de Contant de La Motte, publié en 1783, et mentionnés en 1787 par le Coup d’œil de Louis-Jacques Durameau 3737. Description par Durameau, 1787, p. 125.. Quoi qu’il en soit, leur trace se perd ensuite.
Le socle du groupe méridional est encore bien visible sous l’eau du Grand Canal.
Demi-lune du bassin d’Apollon
La Petite Commande
Avant 1681, date de l’édition du guide de Combes, les sculptures de la Petite Commande furent transférées du bassin du Dragon au bassin d’Apollon3838. Combes, 1681, p. 103. : « Autour de cette fontaine [bassin d’Apollon], proche le canal, sont posées huit statues de pierre, faites par le sieur Lerembert. Ce sont des satyrs et des bacantes de la compagnie de Baccus. Elles sont faites à plaisir et pour servir d’ornement à ce grand bassin. »
Les sculptures de la Petite Commande ne sont pas mentionnées par l’« Estat présant des figures qui sont dans le petit parc de Versailles » en 1686.
Deux d’entre elles figurent sur la gravure de Louis de Chastillon publiée en 1683 (fig. 4) : la Joueuse de tambourin et Amour (Vjs 868) et le Satyre (Vjs 869) de Louis Lerambert, respectivement aux emplacements aujourd’hui occupés par la statue de Silène portant Bacchus (MR 344) et par le groupe d’Aristée et Protée (MR 2092).
Non daté, mais lié à l’inventaire de 1686, un plan (fig. 5) permet de situer les sculptures de la Petite Commande, dont les socles sont figurés par de petits carrés.
La partie située à l’ouest du bassin d’Apollon présentait alors une configuration différente : deux parois de charmilles s’interposaient entre le bassin d’Apollon et les allées d’Apollon au Grand Canal – un dispositif rappelant celui du bassin du Rondeau.
La Joueuse de tambourin et Amour (Vjs 868) et le Satyre (Vjs 869) de Lerambert sont représentés contre la paroi de charmilles méridionale, respectivement au sud et à l’ouest, sur la gravure de Louis de Chastillon, Fontaine d’Apollon, à la teste du Grand Canal de Versailles (fig. 4), publiée en 1683.
Dans son « Mémoire historique des ouvrages de M. Buyster », lu à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 7 octobre 1690, Georges Guillet de Saint-Georges précisa que les huit figures de pierre étaient situées, autour du bassin d’Apollon, « sur les angles des palissades qui s’y terminent3939. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, Paris, 2008, vol. I, p. 289-301, à la p. 298. ».
Dans son « Mémoire historique des ouvrages de sculpture de M. Lerambert », lu à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 7 mars 1693, Guillet de Saint-Georges indique que les figures de la Petite Commande « ont été longtemps à Versailles, posées autour du bassin d’Apollon, mais, depuis un mois, elles ont été portées au jardin du Palais-Royal et posées autour d’un des nouveaux bassins où M. Le Nôtre fait présentement travailler4040. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, Paris, 2008, vol. II, p. 501-508, aux p. 505-506. ».
Leur transport de Versailles à Paris fut rétribué en février 16934141. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 855, paiement du 8 février au fils de Daniel Fossier (garde du magasin des marbres), chargé du transport des sculptures..
Les sculptures de la Petite Commande disparurent en 1782.
Les termes de la demi-lune du bassin d’Apollon
Mis en chantier à partir de 1684, un ensemble de quatre termes est attesté par le plan daté du 30 octobre 1692 (fig. 6) de part et d’autre du bassin d’Apollon. Ces quatre termes sont également mentionnés par un document daté d’août 1689, le « Mémoire des figures, groupes et termes de marbre qui sont dans les atteliers des sculpteurs et de l’estat où sont ces ouvrages4242. Mémoire du 28 août 1689. » :
- Prévus pour être achevés à l’automne de 1689, les termes de Vertumne (no 53 du plan de 1692 ; MR 2024) et de Pomone (no 52 du plan de 1692 ; MR 2023), par Étienne Le Hongre, furent disposés (le premier au nord, le second au sud) entre le bassin d’Apollon et le Grand Canal, contre une paroi de frondaison qui venait alors encadrer la perspective.
- Achevé en août 1689, le terme d’Ulysse (no 54 du plan de 1692 ; MR 2039) de Philippe Magnier fut provisoirement placé en face de celui de Pomone, au sud, à l’extrémité occidentale de l’allée Royale.
- Prévu pour être achevé à l’automne de 1689, le terme de Syrinx (no 55 du plan de 1692 ; MR 2054) de Simon Mazière fut installé en pendant, au nord, à l’extrémité occidentale de l’allée Royale.
Les termes devaient voisiner avec les socles des statues de la Petite Commande.
Concernant les deux termes de Le Hongre, Guillet de Saint-Georges, dans la conférence dont il fit lecture en mars 1691, précise qu’ils « doivent être posés à Versailles4343. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, Paris, 2008, vol. I, p. 335-353, à la p. 352. ». Ils figurent, ainsi que le terme de Syrinx, dans l’« Estimation faite le 15e aoust 1692 pour servir aux parfaits payemens de partie des groupes, figures, termes et vases posez à Versailles4444. Estimation du 15 août 1692. ».
Entre 1692 et 1694, ce premier dispositif fut modifié.
Le terme d’Ulysse (MR 2039) fut transféré au rond-point des Philosophes, où il est attesté par l’inventaire de 1694.
Il fut remplacé par le terme de Pan (MR 2052) de Mazière.
La répartition des termes peut être établie grâce aux Remarques historiques de Mme Jourdain, datées de janvier 16954545. Description des jardins de Versailles par Jourdain, janvier 1695, fol. 10v-11 et 12v-13. :
- Le terme de Pan (MR 2052) était disposé à l’extrémité de l’allée Royale, côté sud, à l’emplacement précédemment occupé par le terme d’Ulysse (MR 2039).
- À l’arrière du bassin d’Apollon, côté sud, le terme de Pomone (MR 2023), conformément au plan de 1692.
- À l’arrière du bassin d’Apollon, côté nord, le terme de Vertumne (MR 2024), en pendant à celui de Pomone conformément au plan de 1692.
- « Près la porte des Bains d’Apollon », c’est-à-dire à l’extrémité occidentale de l’allée Royale, côté nord, le terme de Syrinx (MR 2054) de Mazière.
Deux annotations marginales indiquent :
- « Au coin de l’allée du costé de Pomone », c’est-à-dire au sud du bassin d’Apollon, à l’angle sud-ouest de l’allée d’Apollon, le terme de Bacchus (MR 2079). Ce dernier, dit aussi L’Automne, avait été commencé par Jean Degoullons et achevé par Jean Raon.
- « Aux coins de l’allée » située entre la demi-lune et l’arrière du bassin d’Apollon, c’est-à-dire de part et d’autre de l’allée d’Apollon au nord, les termes de Jupiter (MR 1786) et de Junon (MR 1787) de Jean-Jacques Clérion.
Ces nouveaux termes occupaient probablement trois des emplacements laissés vacants par le départ des statues de la Petite Commande.
Les annotations portées en 1695 sur l’inventaire de 1694 confirment la mise en place de ces trois nouveaux termes et signalent que le terme de Junon (MR 1786) de Clérion fut transféré en août 1695 du rond-point des Philosophes au bassin d’Apollon4646. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, 1er janvier 1694, p. 15-16..
À partir d’août 1695, sept termes étaient donc répartis autour du bassin d’Apollon.
Un huitième terme est mentionné par l’édition de 1701 du guide de Jean-Aymar Piganiol de La Force4747. Piganiol de La Force, 1701, p. 214. : le terme du Printemps (MR 1754), commencé par Marc Arcis et achevé par Simon Mazière. L’œuvre est datée de 1699, date probable de sa mise en place à Versailles. Le paiement de 1703 précise à tort que l’œuvre fut placée en 17024848. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 963 (paiement du 11 juillet 1703 à Simon Mazière)..
Les deux parcelles boisées s’interposant entre le bassin d’Apollon et les allées d’Apollon au Grand Canal semblent avoir disparu en 17044949. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du roi, 1704, fol. 284-285 ; Piganiol de La Force, 1701, p. 209 ; Piganiol de La Force, 1707, p. 221..
Répartition des termes de la demi-lune du bassin d’Apollon selon l’édition de 1701 du guide de Piganiol de La Force5050. Piganiol de La Force, 1701, p. 208-209 et 214-215. :
Après la suppression des deux parcelles boisées s’interposant entre le bassin d’Apollon et les allées d’Apollon au Grand Canal, les deux termes de Le Hongre, Vertumne (MR 2024) et Pomone (MR 2023), furent transférés en face de leurs emplacements primitifs, de l’autre côté du bassin d’Apollon.
Deux des termes de la demi-lune du bassin d’Apollon furent exécutés d’après des modèles dessinés du sculpteur François Girardon : ceux de Flore (MR 1754) et de Bacchus (MR 2079), qu’il est tentant de rapprocher de la Cérès (MR 2073) de Jean-Baptiste Poultier au parterre de Latone – elle aussi d’après un modèle de Girardon si l’on en croit le texte de la mystérieuse Mme Jourdain – pour constituer un ensemble d’allégories des saisons5151. Maral, 2015, p. 182-183..
Jamais livré à Versailles, L’Hiver (MR 1946) pourrait être celui qui fut entrepris par François Lespingola en 1686 et qui, achevé par Jean Raon en 1707 et indiqué encore en 1712 comme destiné à Versailles, fut finalement placé au jardin des Tuileries (aujourd’hui au musée du Louvre) : si la participation de Girardon n’est pas attestée par les sources, la configuration de sa gaine invite à le mettre en relation avec les trois autres termes de Versailles5252. Bresc-Bautier, Pingeot, 1986, t. II, p. 388..
Selon l’édition de 1701 du guide de Piganiol de La Force, le terme de Pan (MR 2052) était situé, pour qui venait de l’allée Royale, en deçà du socle du groupe de La Renommée du roi.
Il est probable que le terme de Pan (MR 2052) ait été disposé dès 1696 dans l’allée Royale, date à laquelle le groupe de L’Enlèvement de Proserpine (MR 1865) fut lui aussi installé sur le socle occupé par la suite par le groupe de La Renommée du roi (MR 1874).
Le terme de Syrinx (MR 2054), quant à lui, était disposé sur la demi-lune ; Piganiol de La Force précise bien qu’il se trouve « à main droite » pour qui vient de l’allée Royale.
Le terme de Pan (MR 2052) fut pleinement réintégré au dispositif des termes de la demi-lune du bassin d’Apollon après 1701.
Répartition des termes de la demi-lune du bassin d’Apollon selon l’édition de 1707 du guide de Piganiol de La Force5353. Piganiol de La Force, 1707, p. 219-220 et 226-227. :
Ce dispositif des termes est confirmé par le plan du recueil de Pierre Lepautre daté de 1711, ainsi que par le plan gravé (fig. 7) par Jean Raymond d’après un dessin du fontainier Dominique Girard, publié en 1714.
Le dispositif actuel remonte donc au moins à 1707.
Dans le cadre de la campagne de sauvetage systématique des plus beaux termes de marbre des jardins de Versailles, menée depuis 2011, tous les termes de la demi-lune du bassin d’Apollon ont été mis à l’abri en 2016 et 2018 : Flore, dite aussi Le Printemps (MR 1754) en 2016, Pomone (MR 2023), Bacchus, dit aussi L’Automne (MR 2079), Pan (MR 2052), Syrinx (MR 2054) et Vertumne (MR 2024) en 2017, Jupiter (MR 1787) et Junon (MR 1786) en 2018. Ils sont progressivement remplacés par des répliques : Pomone (inv. 2019.00.101), Bacchus, dit aussi L’Automne (inv. 2018.00.127), Pan (inv. 2018.00.128) et Syrinx (inv. 2018.00.125) en 2018, Flore, dite aussi Le Printemps (inv. 2019.00.104) et Vertumne (inv. 2019.00.100) en 2019, Jupiter (2020.00.057) et Junon (2020.00.056) en 2022.
Les statues
L’édition de 1707 du guide de Piganiol de La Force atteste, pour la première fois, deux statues aux extrémités de la demi-lune :
- Provenant des allées d’Apollon au Grand Canal, le Sénateur de Langres (ex-Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3513) au nord.
- De provenance inconnue, Brutus (Vjs 802) au sud.
Confirmé par l’inventaire de 1722, cet état est encore attesté par l’Almanach de Versailles en 1800.
Publiée en l’an X (septembre 1801-septembre 1802), la Notice des tableaux, statues, vases bustes, etc., composant le musée spécial de l’École française témoigne du remplacement5454. Notice du Musée spécial, [1801-1802], p. 119. :
Les deux œuvres furent probablement transférées à Paris.
Le Sénateur de Langres (ex-Ma 3522 et, pour la tête, Ma 3513) est aujourd’hui conservé au musée d’Art et d’Histoire de Langres, où il a été déposé par le musée du Louvre en 1981.
Le Brutus (Vjs 802) n’est plus localisé depuis son éventuel départ de Versailles.
Provenant de Marly, le Silène portant Bacchus (MR 344) fut restauré par Jean-François Lorta en 1821.
Provenant également de Marly, le Bacchus (MR 113) est décrit comme mutilé par Michel-Antoine Garreau. Il fut lourdement restauré en 1853 par Jean Bernard Duseigneur, qui refit toute la partie supérieure de l’œuvre.
En 1864, Silène portant Bacchus (MR 344) céda sa place au Personnage romain (inv. 2012.00.1414), provenant du musée du Louvre. Suite au transfert de ce dernier sur l’allée nord d’Apollon au Grand Canal, au plus tard en 1885, Silène portant Bacchus (MR 344) fut réinstallé sur son piédestal, à l’extrémité septentrionale de la demi-lune.