Jardins du Petit Trianon et du hameau de la reine
Jardin anglais du Petit Trianon
Achevé en 1781, le temple de l’Amour servit d’écrin à une statue de L’Amour taillant son arc dans la massue d’Hercule (MR 1764). L’œuvre avait été commandée en 1778 au sculpteur Louis-Philippe Mouchy, qui copia l’original d’Edme Bouchardon (MR 1761), transporté à cet effet de Choisy-le-Roi à la salle des Antiques du Louvre11. Louvre, 1998, vol. 1, p. 115..
L’œuvre fut retirée à une date inconnue, antérieure à 1802. L’inventaire MR la situe à Saint-Cloud.
Elle fut remplacée en 1808 par un groupe de Louis-Claude Vassé, Vénus instruisant l’Amour à tirer à l’arc (MR 2112). Représenté en 1830 au temple de l’Amour sur une planche du recueil accompagnant le guide de Jean Vaysse de Villiers (fig. 1), le groupe de Vassé est encore attesté à cet emplacement en 183722. Guide du voyageur, 1837, p. 178-179 ; Janin, 1837, p. 257..
En ou après 1837, la statue de Mouchy d’après Bouchardon (MR 1764) fut remise en place au temple de l’Amour. Attaquée par les sels solubles, elle en fut définitivement retirée en 1957. Depuis lors, elle est remplacée par une copie non datée (MV 8089/inv. 2009.00.091), acquise en 1957 en vente publique.
Un document rédigé par le sculpteur Jean-Baptiste Beaumont en 1833 mentionne la présence, autour de la tour de Marlborough, de quatre bustes, désignés par leurs numéros d’inventaire (MR 2421, MR 2422, MR 2423 et MR 2502)33. Recension des sculptures des jardins de Versailles et de Trianon par Beaumont, 18 juin 1833.. Deux de ces bustes sont probablement représentés sur la planche de l’album publié en 1830 par Vaysse de Villiers (fig. 2). L’inventaire de 1850 fournit les appellations suivantes : « Dame inconnue du règne de Louis XIV » (MR 2421), « Dame romaine » (MR 2422), « Dame inconnue du règne de Louis XIV » (MR 2423) et « Jeune paysan » (MR 2502). Tous ces bustes provenaient des magasins de Versailles, où ils avaient été recensés par l’inventaire MR.
Ces bustes sont évoqués dans un poème de Louis-Auguste Montalant-Bougleux, publié en 187444. Montalant-Bougleux, 1874, p. 448. :
« La laiterie, au moins, me surprend un coup d’œil.
Quatre bustes pompeux gardent cet humble seuil.
La reine avait mis là, bravant les jalousies
Parmi ses amitiés, quatre têtes choisies :
Charles d’Artois, son frère, en habit de Colin [MR 2502],
Visage imberbe, encore à peine masculin,
Puis trois Grâces : Coigny, Polignac et Lamballe [MR 2421, MR 2422 et MR 2423]. »
Une note de l’éditeur de ce poème précise que ces trois derniers bustes ont été retirés pour être mis à l’abri et remplacés, après 1852, par trois nouveaux bustes.
Sur la façade orientale, la présence du buste de Diane (inv. 1850.8429) est attestée par une vue stéréoscopique (fig. 3) publiée en 1861. Provenant du magasin de la rue de la Chancellerie, il a donc remplacé le buste de Dame inconnue du règne de Louis XIV (MR 2422), qui n’est depuis plus localisé.
Le buste de Dame inconnue du règne de Louis XIV (MR 2421) figure encore sur une photographie ancienne, sans doute de la fin du xixe siècle (fig. 4), adossé à la façade occidentale.
Quant au troisième buste de même sujet (MR 2423), une annotation portée sur le registre d’entrées (V 3386) indique qu’il a été mis à l’abri en septembre 1904.
Il est probable que le buste de Dame inconnue du règne de Louis XIV (MR 2421) n’ait également été mis à l’abri qu’en septembre 1904 : l’annotation du registre d’entrées concernant le remplacement du buste MR 2423 fait mention de deux marbres55. Selon une annotation manuscrite portée par Gaston Brière sur un exemplaire (conservé à la bibliothèque de la conservation du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) de la Notice des peintures et sculptures placées dans les appartements et dans les jardins des palais de Trianon par Eudore Soulié, Paris, 1882, p. 39, les deux bustes MR 2421 et MR 2423 ont été mis à l’abri en septembre 1904..
Le changement signalé par l’éditeur du poème de Montalant-Bougleux – s’il a effectivement eu lieu – n’a donc touché qu’un seul des trois bustes.
En novembre 1904, le buste de Faune (MR 2411) est venu occuper l’emplacement laissé vacant par le buste MR 242166. Annotation manuscrite portée par Gaston Brière sur un exemplaire (conservé à la bibliothèque de la conservation du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) de la Notice des peintures et sculptures placées dans les appartements et dans les jardins des palais de Trianon par Eudore Soulié, Paris, 1882, p. 39.. Ce dernier, qui fut par la suite présenté à l’intérieur du château de Versailles, est aujourd’hui conservé en réserve (MV 7754).
À la même date, sur la façade sud, le buste de Silène (MR 2624) a été installé à l’emplacement laissé vacant par le buste MR 242377. Annotation manuscrite portée par Gaston Brière sur un exemplaire (conservé à la bibliothèque de la conservation du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon) de la Notice des peintures et sculptures placées dans les appartements et dans les jardins des palais de Trianon par Eudore Soulié, Paris, 1882, p. 39.. Au début du xixe siècle, le buste de Silène (MR 2624) avait orné brièvement le bosquet versaillais de la Salle des marronniers. Le buste MR 2423 est de nos jours présenté à l’intérieur du château, au pied de l’escalier de la reine.
Depuis 2007, le buste de Faune (MR 2411), attaqué par les sels solubles, est conservé en réserve. Son socle est demeuré vide.
Jardin français du Petit Trianon
Aménagé à partir de 1750, le nouveau jardin du Roi a été désigné par la suite comme jardin français, pour le distinguer du jardin anglo-chinois de la reine Marie-Antoinette.
Quatre groupes en plomb furent placés dans les bassins entourant le pavillon de la nouvelle ménagerie, dit aussi le Pavillon français, en 1750.
- Les deux bassins circulaires accueillirent les Deux enfants jouant avec des oiseaux (inv. 1850.10077) à l’ouest et les Trois enfants jouant avec des oiseaux (inv. 1850.10074) à l’est, vers le futur Petit Trianon.
- Les deux bassins octogones reçurent les Deux enfants jouant avec un cygne (inv. 1850.10075) au nord et les Trois enfants jouant avec des poissons (inv. 1850.10076) au sud, vers le futur Salon frais.
Ces quatre groupes sont dus à Jules-Antoine Rousseau.
Curiseusement, le guide d’Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville ne mentionne que les deux bassins est et ouest88. Dezallier d’Argenville, 1755, p. 132 ; Dezallier d’Argenville, 1779, p. 159..
En 1756, deux statues des collections royales furent (installées aux extrémités du berceau de la salle à manger, dite le Salon frais, édifiée en 1751 dans la partie sud du nouveau jardin du Roi : La Santé (MR 1985) et La Maladie (MR 1951) de François Anguier, deux figures allégoriques funéraires exécutées vers 166099. Maral, 2007.. Elles y restèrent jusqu’en 1795, date de leur transfert au château de Versailles. Après un passage par Saint-Cloud, les deux statues revinrent à Versailles en 1872. La Santé est attestée en 1896 au musée du Louvre, qui la déposa au musée national de Varsovie en 1960. Elle est revenue à Versailles en 2005.
En août 1765, le sculpteur Étienne-Maurice Falconet reçut un premier acompte de 3 000 livres pour « une figure en marbre représentant une femme sous l’emblème de l’Hyver, destinée pour le jardin de botanique au Petit Trianon à Versailles1010. Enregistrement d’un acompte versé à Falconet le 12 août 1765. ». Situé au nord-est du château du Petit Trianon, le jardin botanique, détruit au début du règne de Louis XVI lors de la construction du Jardin anglais, n’accueillit probablement jamais L’Hiver de Falconet, achevé en 1771 et aujourd’hui conservé à Saint-Pétersbourg, au musée de l’Ermitage.
L’inventaire de 1850 signale « auprès de la serre », sous le numéro 10078, une statue de « Bacchus coiffé d’un bonnet phrygien et tenant des raisins à ses deux mains », haute de 95 cm. L’inventaire de 1850 renvoie au numéro 116 de l’inventaire des Musées royaux. L’œuvre est attestée en magasin en 18461111. Inventaire des magasins de sculpture de Versailles, 1846-1847..
En 1852, le catalogue d’Eudore Soulié signale, « à l’angle de l’orangerie », un « Enfant tenant un raisin et un oiseau1212. Soulié, 1852, p. 38. ».
Il s’agit vraisemblablement de la même œuvre (MR 116), mal décrite, et dont la localisation est désormais inconnue).