Orangerie et pièce d’eau des Suisses
Balustrade de l’Orangerie
En 1686, l’« Estat présant des figures » signale, sur la balustrade du parterre du Midi qui surplombe l’Orangerie11. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, 1686, p. 94, no 140 et 141. :
- Deux vases de François Fontelle (MR 3001 et MR 3002) ;
- Deux vases de Claude Bertin à décor de branches de vigne et aux anses formées d’une tête de bélier.
L’« Estat présant des figures » de 1686 donne le descriptif des deux vases de Bertin : « Deux vazes, lesquels sont de marbre blanc. De 3 pieds 9 pouces de haut et 2 pieds 10 pouces de diamètre par le haut. Et la plainte 10 pouces. Ils sont entourrés d’un say de vigne, les anses sont deux testes de belliers. Faits par le sr Bertin. »
Un dessin (fig. 1) conservé à Berlin représente l’un des vases de Bertin. Il est ainsi annoté : « 2 vases posée [sic] sur la balustrade de l’Orangerie, du dessein de Mr Mansard, travaillé en marbre par Bertin. Il y en a deux pareilles à Meudon ».
Il s’agit du modèle du Vase à décor de branches de vigne et aux anses formées d’une tête de bélier.
Un plan non daté (fig. 2) qui peut être mis en rapport avec l’inventaire de 1686 situe, sur la balustrade, les deux vases de Bertin aux extrémités nord des quarts-de-cercle et les deux vases de Fontelle (MR 3001 et MR 3002) aux extrémités sud.
Après 1686, douze autres vases de Bertin furent posés sur la balustrade. L’Estat des figures, groupes et vases de marbre […] posez dans le jardin de Marly, daté du 15 juillet 1695, mentionne les quatorze vases de Bertin (MR 2906, MR 2907, MR 2908, MR 2909, MR 2973, MR 2974, Vjs 966, Vjs 967, Vjs 968, Vjs 969, Vjs 970, Vjs 971, Vjs 972 et Vjs 973) , « tirez de la balustrade de l’Orangerie22. Inventaire des sculptures des jardins de Marly, 15 juillet 1695. Ce document indique « 18 vases », mais le « 18 » remplace un « 16 ». Les deux vases supplémentaires, de Joseph Rayol, sont signalés en surcharge. Par ailleurs, un registre d’inventaire des papiers des Bâtiments du roi mentionne l’« État des figures, groupes et vases de marbre […] posez dans les jardins de Marly » : il est bien précisé que les deux vases de Rayol proviennent de Meudon (Inventaire des papiers des Bâtiments du Roi, vers 1720, p. 343-348, à la p. 347). ».
En octobre 1689, Bertin fut spécialement rétribué « en considération de la diligence avec laquelle il a fini et posé deux vases de marbre sur la balustrade de l’Orangerie de Versailles33. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 355, paiement du 9 octobre 1689. ».
Le parfait paiement des quatorze vases fut versé en 169144. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 513, parfait paiement du 29 mai 1691..
Le tableau (fig. 3) attribué à Étienne Allegrain montre plusieurs vases sur la balustrade de l’Orangerie. Le premier d’entre eux, placé au sud, correspond à l’un des vases de Fontelle (MR 3001 et MR 3002), qui aurait donc été déplacé vers le sud. Les autres sont de forme identique entre eux, mais pas nécessairement du même modèle.
En 1692, les seize vases de la balustrade furent transférés à Marly. C’est ce qu’indique l’Estat des figures, groupes et vases de marbre […] posez dans le jardin de Marly, daté du 15 juillet 169555. Inventaire des sculptures des jardins de Marly, 15 juillet 1695. Ce document indique « 18 vases », mais le « 18 » remplace un « 16 ». Les deux vases supplémentaires, de Rayol, sont signalés en surcharge. Par ailleurs, un registre d’inventaire des papiers des Bâtiments du roi mentionne l’« État des figures, groupes et vases de marbre […] posez dans les jardins de Marly » : il est bien précisé que les deux vases de Rayol proviennent de Meudon (Inventaire des papiers des Bâtiments du Roi, vers 1720, p. 343-348, à la p. 347).. La dépose et le transport des vases étaient achevés en septembre 1692, si l’on se fie à un paiement consigné dans les comptes des Bâtiments du roi. Probablement par erreur, ce paiement mentionne seulement dix vases.66. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 683, paiement du 14 septembre 1692 « à ceux qui ont travaillé à descendre, transporter et voiturer de l’Orangerie de Versailles à Marly les dix vazes de marbre qui estoient au-dessus de la balustrade de lad. Orangerie ».
L’Estat général de 1694 ne ne rapporte plus aucun vase sur la balustrade de l’Orangerie.
À Marly, au bosquet d’Agrippine, l’inventaire de 1707 signale quatre vases de Bertin (MR 2906, MR 2907, MR 2908 et MR 2909)77. Inventaire des sculptures, 1707, p. 723-724. Le « Mémoire des augmentations qui ont été faittes au château et jardins de Versailles, au palais et jardins de Trianon et à la Ménagerie pour la présente année 1703 » indique que les quatre vases du bosquet d’Agrippine ont été faits pour Marly, ce qui laisse entendre qu’ils ne proviennent pas de la balustrade de l’Orangerie de Versailles (Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1703, fol. 141). Or, leur conformité au dessin de Berlin, ainsi que la mention de l’inventaire de 1695 sont sans équivoque.. Leur descriptif correspond au dessin de Berlin (fig. 1).
De tous les autres vases de Marly recensés par l’inventaire de 1707, aucun ne peut correspondre à des vases de Bertin provenant de la balustrade de l’Orangerie.
Les quatre vases de Bertin sont encore attestés à Marly, dans la Salle des Dauphins, par l’inventaire de 172288. Inventaire des sculptures, 1722, p. 161..
En 1797-1798, les quatre vases de Marly ont été transférés au jardin des Tuileries. Ils sont conservés par le département des Sculptures du musée du Louvre.
Le vase MR 2906 a été mis à l’abri en 1986.
Le vase MR 2909, brisé, a été mis à l’abri en 1990.
Dans les Salles vertes de Trianon, l’inventaire de 1722 signale deux vases de Bertin (MR 2973 et MR 2974)99. Inventaire des sculptures, 1722, p. 139.. Leur descriptif correspond au dessin de Berlin (fig. 1).
Le « Mémoire des augmentations qui ont été faittes au château et jardins de Versailles, au palais et jardins de Trianon et à la Ménagerie pour la présente année 1703 » précise que ces deux vases ont déjà été transférés à Trianon à cette date-là1010. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1703, fol. 141. Ce document indique qu’ils ont été faits pour le parterre du château de Marly, ce qui laisse entendre qu’ils ne proviennent pas de la balustrade de l’Orangerie de Versailles. Or, leur conformité au dessin de Berlin et la mention de l’inventaire de 1695 établissent clairement leur provenance versaillaise..
Curieusement, ils n’apparaissent pas dans l’inventaire de 1707, mais seulement par l’édition de 1707 du guide de Jean-Aymar Piganiol de La Force1111. Piganiol de La Force, 1707, p. 382-383..
En 1722, il n’y a donc plus que six vases (MR 2906, MR 2907, MR 2908 et MR 2909, MR 2973 et MR 2974) de Bertin correspondant au dessin de Berlin (fig. 1).
Les huit autres vases (Vjs 966, Vjs 967, Vjs 968, Vjs 969, Vjs 970, Vjs 971, Vjs 972 et Vjs 973) ne sont plus localisés. De forme similaire, ils n’étaient pas nécessairement tous du même modèle.
Orangerie et pièce d’eau des Suisses
Les sculptures de l’Orangerie de Le Vau
En 1667, un Cygne (Vjs 661), probablement en plomb, fut installé sur le parterre de l’Orangerie, sans doute au centre d’un bassin1212. Mémoire d’ouvrages de plomberie par Jolly, 24 janvier 1668, no 143.. Ce Cygne provenait du jardin des Fleurs (moitié orientale de l’actuel parterre du Midi).
Quelques mois plus tard, ce premier Cygne fut déplacé « dans le bassin d’en bas dans le jardin fruitier », c’est-à-dire au sud du parterre de l’Orangerie de Le Vau1313. Mémoire d’ouvrages de plomberie par Jolly, 24 janvier 1668, no 144 ; document cité dans Hedin, 2012, p. 181..
Il fut remplacé par un second Cygne, chevauché par un enfant (Vjs 662)1414. Mémoire d’ouvrages de plomberie par Jolly, 24 janvier 1668, no 144 ; document cité dans Hedin, 2012, p. 181..
Il n’est pas impossible que ce dernier corresponde à l’enfant de plomb fourni par Gaspard Marsy « pour un des bassins de l’Orangerie » et rétribué en décembre 16671515. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 192, paiement du 31 décembre 1667..
Les sculptures en marbre
Offerte au roi par le maréchal de La Feuillade, la statue de Louis XIV par Martin Desjardins (MR 1836) fut transférée de Paris à Versailles avant juillet 16831616. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 315, paiement du 22 juillet 1683 à Joseph Viro et La Bastille..
Elle fut installée en 1684 à l’intérieur de l’Orangerie1717. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 479, paiement du 9 avril 1684 au charpentier Joseph Virot « pour transport de la figure de marbre du Roy qui estoit devant la porte de l'Orangerie ».. Elle y est attestée par l’inventaire de 16861818. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, 1686, p. 96..
En 1793, le sculpteur Claude Dejoux fut chargé d’intervenir sur l’œuvre, « en y substituant dans la même masse de marbre la tête du Mars français avec ses accessoires » et en y ayant « resculpté le manteau pour donner un accord et du style à cette nouvelle statue1919. État des ouvrages de sculpture faits par Dejoux, 1793. ».
Le mémoire de Dejoux laisse entendre que l’œuvre n’était plus dans l’Orangerie.
En 1797, l’Almanach de Versailles situe l’œuvre dans l’Orangerie2020. Almanach de Versailles, 1797, p. 18..
La tête de Louis XIV a été restituée par Jean-François Lorta en 18162121. Demande de marbre par Lorta, 3 novembre 1815 ; Proposition de paiement à Lorta pour restaurations faites entre janvier et juin 1816..
En 1685, la statue de Louis XIV à cheval du Bernin (MR 1758) fut transférée de Paris à Versailles : le transport s’étendit du 27 août au 28 septembre 16852222. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 758, paiements des 12 septembre et 14 octobre 1685..
Elle fut provisoirement placée dans l’Orangerie2323. Journal de Dangeau, 1684-1720, t. I, p. 230.. C’est là que Louis XIV la vit pour la première fois le 14 novembre 16852424. Journal de Dangeau, 1684-1720, t. I, p. 252..
Son aspect d’origine est connu grâce au bozzetto du Bernin conservé à la Galerie Borghèse à Rome2525. Rome, Galleria Borghese, inv. CCLXIX..
Peut-être dès 1685, l’œuvre fut placée sur le parterre de l’Orangerie. Elle est visible sur la gravure de Pierre Aveline, Veue et perspective de l’Orangerie et du château de Versailles du costé du jardin (fig. 4) : elle était alors située à l’extrémité méridionale de l’allée centrale.
Son transfert à l’arrière du bassin de Neptune est mentionné par les sources comptables à partir d’août 16862626. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 894, paiements d’août-novembre 1686 au voiturier Arteman « pour avoir fait descendre et transférer la figure équestre du chevalier Bernin de dessus le piédestal devant l’Orangerie jusqu’au piédestal devant la pièce de Neptune, sur lequel il l’a remontée »..
Elle fut transformée en un Marcus Curtius par François Girardon, rétribué en janvier 1688 « pour son remboursement des journées de sculpteurs qui ont travaillé sous luy […] à refaire la teste de la figure du cavalier Bernin2727. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 94, paiement du 4 janvier 1688. ».
Sa transformation par Girardon est attestée par Nicodème Tessin, qui visita Versailles en septembre 16872828. Relation de Tessin, 1687, p. 165..
En 1702, la statue équestre de Louis XIV, sous les traits de Marcus Curtius, du Bernin et Girardon (MR 1758), remplacée à l’arrière du bassin de Neptune par le groupe de La Renommée du roi de Domenico Guidi (MR 1874), fut installée à l’extrémité de la pièce d’eau des Suisses2929. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, ordre du 9 août 1702 ; Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 832, paiements de septembre-octobre 1702..
Victime d’un acte de vandalisme en juin 1980, l’œuvre a été mise à l’abri et restaurée.
Remplacée par un moulage (inv. 2009.00.001) à l’extrémité de la pièce d’eau des Suisses en 1990, elle est présentée, depuis 2002, à l’intérieur de l’Orangerie, son premier emplacement versaillais.
Ayant quitté Rome en mars 1686, le groupe de La Renommée du roi (MR 1874) parvint à Versailles avant septembre 1686, date à laquelle il est mentionné, à l’intérieur de l’Orangerie, par une lettre de Pierre Mignard3030. Lettre conservée à l’Archivio di Stato de Florence et publiée dans Hautecœur, 1912, p. 48-49..
Une terre cuite préparatoire à ce groupe est conservée au musée de Hambourg3131. Hambourg, Museum für Kunst und Gewerke, inv. 1971.44..
Selon la lettre de Mignard, le groupe devait être placé sur le parterre de l’Orangerie.
Le transfert du groupe de l’intérieur au parterre de l’Orangerie est rapporté par les sources comptables en novembre 16863232. Comptes des Bâtiments du Roi, 1686, fol. 99v ; Maral, 2010, p. 149..
Le groupe fut placé dans l’allée centrale du parterre de l’Orangerie, au centre des quatre parterres les plus éloignés de la façade de l’Orangerie. Il y est relevé par le Mercure galant de novembre 16863333. Mercure galant, novembre 1686, p. 128..
Un paiement de janvier 1688 permit à Girardon de rétribuer les « journées de sculpteurs qui ont travaillé sous luy à faire la médaille du roy sur le groupe de marbre, envoyé de Rome, de Domenico Guidy3434. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 94, paiement du 4 janvier 1688. ».
Peut-être dès 1688, en tout état de cause avant 1694, le groupe de Guidi quitta le parterre de l’Orangerie pour l’entrée du bosquet de la Colonnade.
L’« Estat présant des figures » de 1686 mentionne, à l’intérieur de la rotonde (dite « salon de l’Orangerie), la statue antique d’Isis (MR 12)3535. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, 1686, p. 96..
C’est à cet emplacement que l’œuvre fut représentée par Hubert Robert (fig. 5) dans le dernier quart du xviiie siècle.
Isis fut prévue pour être transférée à Paris en 1797.
Elle est attestée au musée du Louvre en 1810.
Elle est revenue à son ancien emplacement en 2013.
Le 26 septembre 1687, en présence du roi, l’architecte suédois Nicodème Tessin assista à la mise en place du groupe de L’Enlèvement d’Orithye par Borée (MR 1844), entrepris par Gaspard Marsy et achevé par Anselme Flamen3636. Relation de Tessin, 1687, p. 159-160 ; Lettre de Fossier du 29 août 1694..
Le second groupe, L’Enlèvement de Cybèle par Saturne (MR 2084) de Thomas Regnaudin, fut également placé sur le parterre de l’Orangerie, le 26 octobre 16873737. Lettre de Fossier du 29 août 1694. Le transfert à Versailles des deux groupes fut rétribué par un paiement de juin 1688 (Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 85)..
Ces deux groupes faisaient partie de la Grande Commande.
Ils sont encore attestés en 1714 sur le parterre de l’Orangerie par le plan gravé de Jean Raymond d’après le fontainier Dominique Girard (fig. 6). Ils occupaient chacun le centre des deux compartiments médians du parterre de l’Orangerie.
Ils quittèrent le parterre de l’Orangerie en 17163838. Comptes des Bâtiments du Roi, 1717, fol. 91, paiement du 15 décembre 1717 au sculpteur Alexandre Rousseau, dit Rousseau de Corbeil ; Saugrain, 1718, t. II, p. 554..
En 1688, le sculpteur François Lespingola fut rétribué pour « des modèles de sphinx qu’il a fait sur les socles du bas des rampes de l’Orangerie ». Ces modèles (Vjs 773) n’ont jamais été traduits en marbre. Ils ne sont évoqués par aucune autre source écrite.
Ces modèles sont visibles sur trois œuvres peintes par Jean Cotelle à partir de 1688 : le tableau représentant l’Orangerie vue depuis la pièce d’eau des Suisses (fig. 7), celui représentant le parterre de l’Orangerie et la pièce d’eau des Suisses depuis le parterre du Midi et la gouache, contemporaine, reprenant la composition de ce deuxième tableau3939. Cotelle, [1689-1692] ; Cotelle, 1688.. À la même période, Étienne Allegrain représente aussi les sphinx (fig. 13)4040. Allegrain, vers 1688-2..
Il n’est pas impossible qu’il y ait eu d’autres modèles, pour des groupes de sphinx chevauché par un enfant. Ces modèles peuvent être observés sur le tableau peint par Jean-Baptiste Martin (fig. 8) à partir de 1688 et sur celui attribué à Pierre-Denis Martin, peint vers 17004141. Martin, [1687-1694] ; Martin, vers 1700..
Au xviiie siècle, le dessin de Jacques-André Portail (fig. 9), daté de 1741, montre quatre sphinx sans enfant. Fantaisiste, le dessin de Nicolas-Martial Fouacier, daté de 1773, figure quatre lions4242. Fouacier, 1773..
L’inventaire de 1694 mentionne la présence de quatre vases sur le parterre de l’Orangerie.
Selon la liste des œuvres en cours de réalisation en 1689, Jules Hardouin-Mansart fut l’auteur des modèles dessinés de ces quatre vases.
Les deux vases sculptés par Pierre Legros (MR 2904) et Jean Robert (MR 2905) furent disposés au centre des deux compartiments les plus proches de la façade de l’Orangerie.
Probablement entre juillet 1716 et juin 1717, ils furent transférés au jardin des Tuileries à Paris, où ils se trouvent encore actuellement4343. Comptes des Bâtiments du Roi, 1717, fol. 91, paiement du 15 décembre 1717 au sculpteur Alexandre Rousseau, dit Rousseau de Corbeil, pour transports de vases de Versailles et de Marly aux Tuileries..
Due à Jacques Buirette (MR 2792) et à Jean Raon (MR 3021), la seconde paire prit place au centre des compartiments méridionaux. Elle est toujours en place aujourd’hui, même si les vases ont été déplacés de 80 cm vers le sud lors de la reconstitution du parterre de l’Orangerie en 2000.
Les bronzes de l’Orangerie
L’inventaire de 1686 signale deux groupes de bronze sur le parterre de l’Orangerie : Mercure enlevant Psyché (MR 3270) d’Adriaen De Vries et Hercule combattant l’hydre (MR 3259), un bronze italien du xvie siècle.
Le groupe de Mercure enlevant Psyché (MR 3270) avait été exécuté à Prague pour l’empereur Rodolphe II en 1593 : emporté en guise de butin par les Suédois lors de la prise de Prague en 1648, il avait ensuite fait partie des collections de la reine Christine de Suède à Stockholm ; après l’abdication de cette dernière, il avait été transporté en France, où il avait orné les jardins de Meudon (fig. 7), un temps propriété d’Abel Servien, puis le parc de Sceaux, acheté par Colbert en 1670 ; à une date inconnue, mais antérieure à 1686, le marquis de Seignelay, fils de Colbert, avait fait don au roi de cette œuvre prestigieuse, alors attribuée à Jean de Bologne.
D’origine incertaine, le groupe d’Hercule combattant l’hydre (MR 3259) avait fait partie des collections du cardinal de Richelieu, qui l’avait acquis en même temps que le château de Rueil, dont il ornait les jardins : c’est le duc de Richelieu qui en fit don à Louis XIV.
Le groupe d’Hercule combattant l’hydre fut placé dans l’angle nord-est du parterre de l’Orangerie.
Le groupe de Mercure enlevant Psyché fut placé en pendant, dans l’angle nord-ouest du parterre de l’Orangerie. C’est ce que montrent le plan non daté qui peut être mis en rapport avec l’inventaire de 1686 (fig. 11) et le tableau (fig. 8) de Jean-Baptiste Martin4444. Agence des Bâtiments du roi, [1686], « Plan du bas de l’Orangerie » (microfilm B 10692) ; Martin, [1687-1694]..
En mars 1701, les deux groupes furent directement transférés du parterre de l’Orangerie à Marly4545. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702-1, fol. 125v, ordre du 16 mars 1701..
Après novembre 1686, date de l’arrivée à Versailles du Grand Faune Borghèse (MR 3291) qui prit la place de la Diane de Versailles (MR 3249) sur le parterre du Midi, cette dernière, fondue par Jean-Balthasar Keller, fut disposée sur le parterre de l’Orangerie, devant le bassin circulaire, sur un socle isolé : ce dont témoignent le plan non daté (fig. 11) qui peut être mis en rapport avec l’inventaire de 1686 et le tableau (fig. 12) attribué à Étienne Allegrain.
Après 1694, le bronze de la Diane de Versailles (MR 3249) gagna Trianon, qu’elle quitta avant 1701 pour Marly4646. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702-1, fol. 126, 2 avril 1701..
Lors de sa visite à Versailles en septembre 1687, Tessin signale, sur le parterre de l’Orangerie, les bronzes du Laocoon (Vjs 824) et de la Vénus Médicis (MR 3292).
Le groupe en bronze du Laocoon avait été entrepris en 1684. Cette fonte de Keller avait été achevée en juin 1687 et disposée sur le parterre de l’Orangerie. Sur le tableau (fig. 13) peint par Étienne Allegrain entre 1688 et 1693, le groupe du Laocoon est installé à l’emplacement occupé précédemment par le groupe de La Renommée du roi (MR 1874) de Guidi : comme par anticipation, le Laocoon représenté est en marbre, ce qui laisse penser que le bronze avait été placé en attendant une version en marbre, laquelle ne fut jamais installée. Le groupe en bronze du Laocoon quitta le parterre de l’Orangerie avant 1694. Il est attesté à Trianon en mars 1701, alors qu’il est question de le transférer à Marly et de le remplacer par une version en marbre.
La Vénus Médicis (MR 3292) fut livrée en septembre 1687. Elle accompagnait la statue en bronze d’Adonis (MR 3289), livrée en juillet 1687. Les deux œuvres, fondues par Keller, avaient été copiées d’après des sculptures antiques, ou réputées telles, de la collection royale : une Vénus du type de la Vénus Médicis (fig. 14) et un Jeune homme (fig. 15), gravés par Claude Mellan au sein du Cabinet du roi et de ce fait confirmés aux Tuileries dans les années 1670. Les deux œuvres furent disposées en pendant, se faisant face de part et d’autre de l’allée centrale du parterre de l’Orangerie, la Vénus Médicis à l’ouest, l’Adonis à l’est : c’est ce que dépeint le tableau (fig. 12) attribué à Étienne Allegrain. Avant 1694, les statues de Vénus et d’Adonis furent transférées à Marly. Il semble que la statue de Vénus ait quitté le parterre de l’Orangerie avant celle d’Adonis, le tableau de Jean-Baptiste Martin (fig. 8) montrant la Diane de Versailles sur le socle précédemment occupé par Vénus et en pendant à Adonis, resté en place.
Sans que leur auteur soit indiqué, dix vases de bronze doré (Vjs 1175 et Vjs 1182), de deux modèles différents, sont signalés à l’intérieur de l’Orangerie par l’inventaire de 17074747. Inventaire des sculptures, 1707, p. 1004-1005. Il n’est pas impossible que ces vases aient été installé dès 1689 puisqu’un paiement du 3 avril 1689 concerne « huit pieds d’estaux » faits par le marbrier François Deschamps « pour l’orangerie de Versailles » (Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 292).. Ils ne sont plus localisés aujourd’hui.
Du xixe siècle à nos jours
En 1843, la statue en plâtre d’Antoine-Laurent de Jussieu par Jean-François Legendre-Héral (LP 2374) fut installée dans la niche de la rotonde de l’Orangerie. Elle y est attestée par le catalogue d’Eudore Soulié en 1855. L’œuvre avait été présentée au Salon de 1840. Elle a disparu à une date inconnue.
En mars 1850, la statue équestre de Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans (MV 6758) fut installée devant la Petite Orangerie4848. Rapport d’Amat à Bineau du 12 mars 1850 ; Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1848-1852 et 1877-1878, p. 32, lettre d’Eudore Soulié, conservateur du musée de Versailles, à Léon de Laborde, conservateur au musée du Louvre, du 14 mars 1850.. C’est ce que montre le dessin de Charles-Frédéric Nepveu (fig. 16) conservé au musée Condé à Chantilly.
Elle provenait de la cour Carrée du Louvre, où elle avait été disposée en 1844.
La statue équestre du duc d’Orléans a été déposée par Versailles à Eu en 1973.
Depuis 1936, les statues d’Atlas (MR 1741) et de Phaétuse (MR 1744) de Jean-Baptiste Théodon sont installées dans la rotonde de l’Orangerie.
Commandées pour Marly, ces œuvres ont été déposées par le musée du Louvre à Versailles.
Depuis 2002, la grande nef de l’Orangerie accueille la statue de Louis XIV à cheval par le Bernin, transformée en Marcus Curtius par Girardon (MR 1758).
Depuis 2009, le groupe de L’Enlèvement de Proserpine (MR 1865) et son piédestal circulaire (MR 3145) sont également présentés à l’intérieur de l’Orangerie.
Depuis 2013, la statue d’Isis (MR 12), déposée par le musée du Louvre, a retrouvé son emplacement de 1686 dans la niche de la rotonde de l’Orangerie (fig. 5).