Bassins du Plat-Fond et de la Petite-Gerbe et Buffet d’eau
Le Buffet d’eau
En mars 1701, le sculpteur Jean Hardy fut rétribué pour avoir participé au modèle du Buffet d’eau 11. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 708.. Il n’est pas impossible qu’il ait travaillé en collaboration avec le sculpteur François Lespingola : tous deux furent rétribués, en juin suivant, pour avoir réalisé « un modelle en terre d’une cascade pour le roy » 22. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 735..
La fontaine de la Cascade, dite aussi Buffet d’eau (Vjs 461), fut réalisée à l’extrémité occidentale de l’allée de la Cascade (auparavant allée des Cascades) sous la probable direction de l’architecte Jules Hardouin-Mansart, alors surintendant des Bâtiments du roi.
En collaboration, les sculpteurs Louis Garnier, Jean Hardy, Jean de Lapierre, Robert Le Lorrain, Jean-Louis Lemoyne, Simon Mazière et Corneille Van Clève réalisèrent les reliefs et groupes de plomb (inv. 1850.9895) des différents niveaux 33. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 852, 964, 965 et 1072.. Des paiements séparés permettent d’attribuer à Van Clève « le groupe qu’il fait en plomb pour la Cascade de Trianon », c’est-à-dire celui de Neptune et Amphitrite, qui forme la partie centrale du couronnement de la fontaine 44. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 852 et 964..
Au cours du chantier du Buffet d’eau, Louis XIV intervint pour ordonner, le 7 mai 1702, « d’ôter les deux dragons de plomb et d’étain qui avoient été faits pour mettre sur les deux socles aux côtez de la nappe d’en haut de laditte Cascade et de refaire à la place deux lyons » 55. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p.. « Le 20e may 1702, Sa Majesté a ordonné de faire dans la table carrée de brêche violette qui a été mise aux compartimens de la Cascade de Trianon un petit bas-relief de plomb et d’étain représentant un sujet d’eau et, dans les trois ronds de brèche violette desdits compartimens, quelques animaux aquatiques de mesme matière » 66. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p.. Enfin, le 23 juin 1702, « Sa Majesté a ordonné d’ôter le monstre de plomb et étain qui avoit été posé entre les deux figures de l’amortissement du haut de la Cascade de Trianon, estant trop fort pour le reste, et d’y faire à la place une urne plus légère, qui paroîtra estre versée par une des figures. Le mesme jour, Sa Majesté a ordonné de dorer toutes les figures et ornemens de plomb et étain de laditte Arcade [sic] » 77. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p..
En juin 1702, le roi demanda l’installation d’un banc circulaire dans une « petite place, au milieu de laquelle on a placé un vaze, près la Cascade [le Buffet d’eau] de Trianon » 88. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n.p., 26 juin 1702.. Il est impossible d’identifier ce vase.
En 1779, devant le Buffet d’eau, Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville atteste la présence des statues de Louis XV et de Marie Leszczynska 99. Dezallier d’Argenville, 1779, p. 158. : il s’agit des statues de Louis XV en Jupiter par Nicolas Coustou (MR 1811) et de Marie Leszczynska en Junon par Guillaume Ier Coustou (MR 1813) provenant du jardin versaillais du Dauphin, encore mentionné en 1778 1010. Almanach de Versailles, 1778, p. 50.. Ces deux œuvres ont gagné le musée du Louvre en 1850. Leurs socles en marbre de Languedoc sont restés en place jusqu’en 2007. Identifiés l’année suivante dans le bois situé au sud du bassin du Plat-Fond, ils ont été transférés dans la réserve de sculpture du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.
Le bassin du Plat-Fond
Le 14 décembre 1701, « Sa Majesté a réglé les modèles pour faire deux dragons de plomb et étain sur les deux gros socles de marbre qui arrestent la nappe de la pièce du bout du jardin de Trianon » 1111. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p.. Il s’agit du bassin du Plat-Fond, à l’extrémité occidentale de la principale perspective des jardins de Trianon. Aujourd’hui encore en place, ces deux figures de Dragon (inv. 1850.9848.1 et inv. 1850.9848.2) sont dues à Jean Hardy et Claude Poirier1212. Extraits de brevets, ordres, décisions du Roi et de l’Intendant général des Bâtiments, 1701-1707, fol. 127r° (ordre du 7 janvier 1702). : leur date d’exécution interdit d’y voir un réemploi des figures similaires initialement installées au couronnement du Buffet d’eau.
Le 26 juillet 1702, « Sa Majesté a ordonné de faire des groupes d’animaux dans les deux angles saillants de la partie circulaire de la pièce du bout du jardin de Trianon pour y faire des effets d’eau qui reçoivent la descharge de la nouvelle Cascade » 1313. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p.. Le 16 août, Louis XIV se ravisa et ordonna « d’ôter les modèles qui avoient été faits pour faire des monstres dans les angles de la pièce du bout du jardin » 1414. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p.. Selon un « Extrait du mémoire général des augmentations faites dans les maisons royalles pendant le courant de la présente année 1706 », ces deux figures de Dragon (inv. 1850.9848.1 et inv. 1850.9848.2) ont été dorées vers cette date-là 1515. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1706, fol. 134v..
Non mentionnées dans le registre des ordres de Louis XIV, ni par les différentes éditions du guide de Jean-Aymar Piganiol de La Force, trois autres sculptures furent placées, en 1706, au bassin du Plat-Fond.
Ces trois groupes (inv. 1850.9846, inv. 1850.9847 et inv. 1850.9849) sont attestés par un « Mémoire général des ouvrages faits par augmentation dans les Bâtimens du roy dans le courant de la présente année mil sept cens six » : « deux groupes d’enfans apportez de Marly et posez aux jets de ladite pièce du bout du jardin » et « un groupe d’enfans qui a été ôté du bassin des Maronniers et posé à la gerbe de ladite pièce du bout du jardin » 1616. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1706, fol. 172..
Deux de ces groupes (inv. 1850.9846 et inv. 1850.9847) sont attestés, sous la forme de figures séparées, par l’inventaire de 1706-1708 1717. Inventaire des sculptures, [1706-1708], p. 244-245. : « un enfant assis ayant un bout de draperie sur la cuisse droite et les bras étendus, de quatre pieds ou environ, manque le poignet gauche » ; « un enfant assis s’étendant [sic] la cuisse droite et la jambe et ayant le bras droit plié sous la gauche [sic], une écharpe sur l’épaule gauche passante derrière le dos et tombante sur la cuisse droite, mesures idem, manque le poignet gauche » ; « une petite fille assise, une draperie sur la cuisse droite, étendant les deux bras, mesures idem, manque le poignet droit » ; « une petite fille assise sur une draperie passante sur la cuisse gauche, le bras gauche baissé s’étendant, mesures comme aux précédentes, manque le bras droit au-dessous de l’épaule. » En marge, il est indiqué que « ces quatre articles ont esté transportez à Trianon depuis la levée du présent inventaire ».
Selon le « Mémoire général des ouvrages faits par augmentation dans les Bâtimens du roy dans le courant de la présente année mil sept cens six », les deux groupes de la partie basse (inv. 1850.9846 et inv. 1850.9847) étaient dorés, tandis que celui de la partie haute (inv. 1850.9849) était peint 1818. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1706, fol. 172..
Trois groupes sont mentionnés au bassin du Plat-Fond par le mémoire du peintre Jacques Bailly en 1743 1919. Mémoire de mise en couleur de bronze par Bailly, 1743 : « deux enfants jouant avec des fleurs » et deux groupes d’« enfants qui joue [sic] avec des écrevisses ».
À la différence des vases du bassin du Plat-Fond, les trois groupes survécurent à la Révolution : ils sont reproduits, pour la première fois, dans le recueil gravé publié par Jean Vaysse de Villiers en 1830 2020. Vaysse de Villiers, 1830, pl. 122.. Recensés par l’inventaire de 1850, ils sont également connus par des clichés datant de la seconde moitié du xixe siècle : le groupe de Deux Amours (inv. 1850.9849) était situé dans la partie haute du bassin, les deux autres groupes, Deux enfants tenant une écrevisse (inv. 1850.9846) et Deux enfants tenant une écrevisse (inv. 1850.9847) dans la partie basse.
La provenance des figures enfantines formant ces groupes n’est pas indiquée par l’inventaire de 1706-1708. Il est en fait possible de les identifier à la Cascade champêtre de Marly, où ils sont représentés, au sommet des escaliers latéraux, sur la planche correspondante de l’album de Marly 2121. Agence des Bâtiments du roi, vers 1695-1713-1, pl. 56. : La Cascade, changée sur la fin de l’année 1706 (fig. 1). Dans la mesure où, à Marly, ils étaient accompagnés d’une fontaine dont la vasque était portée par trois tritons de plomb dus à Nicolas Coustou, il n’est pas interdit d’attribuer à ce dernier les figures enfantines transférées à Trianon.
Les trois groupes du bassin du Plat-Fond (inv. 1850.9849, inv. 1850.9846 et inv. 1850.9847) furent remplacés en 1894, au moment de la restauration du bassin du Plat-Fond par l’architecte en chef Marcel Lambert 2222. Mémoire de sculpture par Coutan, 8 février 1894 ; Mémoires de sculpture par Fagel, 17 août 1894 et 18 janvier 1895 ; Mémoires de plomberie par Berson, 21 novembre 1894 et 8 octobre 1895 (deux mémoires à la date du 8 octobre 1895)..
Au regard des originaux, les groupes actuels, probablement obtenus à partir de mauvais surmoulages, sont d’une grande médiocrité, au point que, au moment où fut publié l’article de François Gébelin, ils avaient été retirés du bassin 2323. Gébelin, 1937, p. 121, notes 3 et 5.. Remis en place à une date inconnue, les deux groupes actuels de Deux enfants tenant une écrevisse (inv. 2015.00.196 et inv. 2015.00.197) ont d’ailleurs été inversés par rapport à leur situation antérieure, ou tout au moins par rapport à celle des groupes d’origine.
Dues à Jean-Baptiste Tuby, les deux figures composant le groupe des Deux Amours (inv. 1850.9849) avaient été exécutées pour le bassin de Flore (Vjs 271) dans les jardins de Versailles. Elles avaient été transférées au bosquet versaillais de la Salle du Conseil avant de gagner les jardins du Grand Trianon. Les deux figures furent alors réunies pour former un groupe, qui fut disposé dans la partie supérieure du bassin du Plat-Fond entre 1708 et 1743.
Le groupe de Deux Amours (inv. 1850.9849) est reproduit dans le recueil gravé publié par Vaysse de Villiers en 1830 2424. Vaysse de Villiers, 1830, pl. 122..
À l’instar des deux groupes de la partie inférieure du bassin, celui de Tuby n’échappa pas au vandalisme de l’architecte Lambert, qui le fit remplacer en 1894 par une médiocre réalisation (inv. 2015.00.198) inspirée du groupe primitif.
Les vases du bassin du Plat-Fond
Le 20 janvier 1702, « Sa Majesté a ordonné de faire quatre vases de plomb et étain pour les quatre oreilles du gazon de la pièce du bout du jardin de Trianon et d’en faire les modèles en plâtre incessamment pour en décider la forme » 2525. Registre des ordres de Louis XIV à Hardouin-Mansart, 1699-1702, n. p..
Les auteurs de ces vases (Vjs 780, Vjs 781, Vjs 1028 et Vjs 1029), Jean Hardy et Claude Poirier, sont mentionnés par le guide de Piganiol de La Force 2626. Piganiol de La Force, 1707, p. 383..
Ils furent mis en place au plus tard en juillet 1702, date du paiement au peintre Nicolas Bailly « pour la couleur de bronze qu’il a imprimée sur les vazes et dragons du jardin de Trianon » 2727. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. IV, col. 827.. Selon un « Extrait du mémoire général des augmentations faites dans les maisons royalles pendant le courant de la présente année 1706 », ces quatre vases ont été dorés vers cette date-là 2828. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1706, fol. 134v..
Les vases entourant le bassin du Plat-Fond sont décrits par l’inventaire des sculptures des jardins de Versailles et de Trianon de 1706-1708 2929. Inventaire des sculptures, [1706-1708], p. 197-198. : « Deux vases de six pieds 10 pouces, la gorge ornée de coquillages, le dessous de gauderon avec des fleurons, le pied ouche orné de feuilles de refend, pour anse un satyre dans une consolle et un griffon au-dessus ; deux vases de six pieds 10 pouces, de l’extrémité à la plinte, la gorge ornée d’une mosaïque avec des fleurs de lys, le corps orné d’un masque coëffé de cornes de bélier, avec des festons de fleurs tout autour, le piédouche de canaux avec fleurons, pour anse une consolle sur laquelle est assise une femme qui tient un feston de laurier. » Suivant une intuition de Vincent Maroteaux, ce descriptif a permis d’en identifier les dessins à la Bibliothèque nationale, au sein du fonds Robert de Cotte 3030. Agence des Bâtiments du roi (fonds Robert de Cotte), début du xviiie siècle, dessins n0 2087 et 2088 ; microfilms B 7942 et B 7943. Maroteaux, 2009, p. 142-143..
Ces vases sont mentionnés en 1743 par le Mémoire des ouvrages de bronze de Trianon faits dans l’année 1743 par le sieur [Jacques] Bailly, peintre des Bastiments de Sa Majesté, chargé de les enduire d’un vernis couleur de bronze 3131. Mémoire de mise en couleur de bronze par Bailly, 1743 : les « deux grandes éguières sculptées et ornées de bacantes en forme d’anse » étaient alors à la droite du bassin, c’est-à-dire du côté nord, les « deux autres grandes éguières » de l’autre côté.
Ces vases sont encore mentionnés en janvier 1775 par l’État des principeaux [sic] objets faisant décoration dans le jardin de Trianon, auquel [sic] il est essentiel d’aporter le plus grand soin et la plus grande précaution pour qu’il ne leur arrivent [sic] pas d’accident pendant la couppe des bois 3232. État des sculptures des jardins de Trianon, janvier 1775.
Ils disparurent par la suite, probablement durant la période révolutionnaire 3333. Ils ne sont pas mentionnés dans la description du bassin du Plat-Fond par le Cicerone, 1804, p. 90. Ils sont explicitement déclarés manquants par l’architecte Guillaume Trepsat en 1811 (Liste de Trepsat du 7 mai 1811)..
En avril 1811, le sculpteur et marbrier Pierre-Claude Boichard fit transporter et installer au bassin du Plat-Fond quatre socles de marbre de Languedoc provenant du péristyle du Grand Trianon 3434. Mémoire de marbrerie par Boichard, 1811. Peut-être installés dès 1811, deux vases sont localisés en 1821 par le plan de Charles Picquet sur les deux socles orientaux. L’inventaire datable de 1819 nous permet de connaître leur identité 3535. Inventaire des sculptures des jardins de Versailles, [1819] : il s’agit des Vases ornés de symboles bachiques, dus aux sculpteurs Jacques Grimault et Simon Hurtrelle (MR 2975 et MR 2976), provenant de la Salle Triangulaire et, antérieurement, du parterre du Nord à Versailles. Ils sont encore explicitement attestés en 1833 au pourtour du bassin du Plat-Fond par un document rédigé par le sculpteur Jean-Baptiste Beaumont 3636. Recensement des sculptures des jardins de Versailles et de Trianon par Beaumont, 18 juin 1833. Dans son écrin de verdure, l’espace constitué par le bassin du Plat-Fond et son pourtour était assimilé à l’époque à une Salle Verte, comme l’attestent les appellations « Salle du Plat-Fond » en 1819 ou « bosquet du Plat-Fond » en 1833 (la recensement de Beaumont atteste dans ce même « bosquet » les deux statues de Jeunes Romains, MR 1970 et MR 1971, et Le Rémouleur, MR 1954).. Ils furent transférés à Saint-Cloud au plus tard en 1845 3737. Inventaire des sculptures des jardins du château de Saint-Cloud, 1845. Voir aussi Notice du palais de Saint-Cloud, 1845, p. 45 (Parterre de l’Orangerie). Ces vases sont visibles sur une photographie du recueil d’Armand Schneider (Schneider, [1855-1870], n0 12)..
En 1899-1900, les quatre socles du bassin du Plat-Fond, vacants, accueillirent de grandes aiguières (inv. 2009.00.006, inv. 2009.00.007, inv. 2009.00.008 et inv. 2009.00.009), exécutées en plomb par Camille Berson à partir de modèles dus aux sculpteurs Jules-Félix Coutan et André-Paul-Arthur Massoulle 3838. Mémoire de sculpture par Coutan, 17 décembre 1897 (modèle d’aiguière avec Galatée) ; Mémoire de sculpture par Massoulle, 17 décembre 1897 (modèle d’aiguière avec Neptune) ; Mémoires de plomberie par Berson, 10 avril et 31 octobre 1900.. Elles furent par la suite, avant 1937, reléguées dans les réserves de sculpture de Versailles 3939. Bonnet, 1934, p. 930.. Mises en dépôt probablement en 1937 et à l’initiative de Patrice Bonnet, architecte des Bâtiments civils et palais nationaux pour Versailles, qui avait des liens avec cette municipalité, les aiguières ont orné les jardins de la mairie de Châteauneuf-sur-Loire jusqu’en 2019, année de leur retour à Versailles. Elles ont été réinstallées au bassin du Plat-Fond, sur leurs socles d’origine, en mars 2022.
Le cabinet de charmille du bassin du Plat-Fond
Au sud du bassin du Plat-Fond, un « cabinet de charmille » accueillit, à une date inconnue, antérieure à 1707, le groupe de bronze d’un Amour assis sur un dauphin (inv. 1850.10045) 4040. Piganiol de La Force, 1707, p. 383-384..
Le bassin, sur lequel le groupe se dressait au sommet de son support de coquilles, est figuré dans son « cabinet de charmille », de forme quadrilobée, sur un plan (fig. 2) dessiné, anonyme et non daté, conservé à la bibliothèque nationale de France 4141. Agence des Bâtiments du roi, vers 1705-1710, microfilm H 188488..
Exécuté en 1672-1673, par un fondeur non identifié – probablement Ambroise Duval –, à partir d’un modèle de Gaspard Marsy, ce groupe (inv. 1850.10045) avait été placé à l’entrée du bosquet versaillais du Théâtre d’Eau sur un support de coquilles de plomb superposées formant trois niveaux de vasques. Il y était encore en 1701, date de la première édition du guide de Piganiol de La Force 4242. Piganiol de La Force, 1701, p. 318..
Un dessin conservé à la Bibliothèque nationale (fig. 3) montre le cabinet de charmille du bassin du Plat-Fond 4343. Agence des Bâtiments du roi, premier tiers du xviiie siècle, microfilm H 186648. : le groupe de l’Amour assis sur un dauphin (inv. 1850.10045) y est visible, posé sur son support à trois vasques, au milieu d’un bassin dont les margelles sont en marbre de Languedoc.
Bien que les éditions successives, jusqu’en 1764, du guide de Piganiol de La Force, mentionnent imperturbablement la présence du cabinet de charmille et de la fontaine de l’Amour assis sur un dauphin au sud du bassin du Plat-Fond, le dispositif attesté en 1707 eut une existence éphémère 4444. Piganiol de La Force, 1764, t. II, p. 250. : le dessin (fig. 3) porte en effet la mention « changé en 1710 ».
La fontaine de l’Amour assis sur un dauphin (inv. 1850.10045) fut déplacée au sein des Salles vertes de Trianon, dans la Grande Salle Ronde ou Salle des Quatre-Figures, puis au jardin des Sources, où elle se trouve encore aujourd’hui.
Le bassin de la Petite-Gerbe
Au nord du bassin du Plat-Fond, le bassin de la Petite-Gerbe ou du Rond-d’Eau accueillit, probablement dès 1705, le groupe d’Un Amour et deux petits tritons (inv. 1850.9894), exécuté en bronze, d’après un modèle des frères Balthasar et Gaspard Marsy, par le fondeur Ambroise Duval et provenant du bosquet des Dômes.
Ce groupe (inv. 1850.9894) avait été d’abord placé, en 1673, au centre de la future cour de Marbre, où il est encore attesté par le guide de Combes. Son transfert au bosquet des Dômes ou de la Renommée eut lieu probablement en 1684, année où le bosquet accueillit aussi les groupes provenant de la grotte de Téthys. Il y remplaça, au centre du bassin, la figure allégorique de La Renommée (Vjs 872). Lors du remaniement du bosquet des Dômes, en 1705, il gagna les jardins de Trianon. Il fut alors modifié, une corne d’abondance étant substituée à la vasque supérieure.
D’après un « Extrait du mémoire général des augmentations faites dans les maisons royalles pendant le courant de la présente année 1706 », « le petit groupe d’enfans de la fontaine des Dômes, posé et ajusté à la fontaine de la Gerbe, a coûté, par estimation, avec les ornemens en plomb, adjoutez, et la dorure, la somme de 800 livres » 4545. Grand état de la dépense ordinaire des Bâtiments du Roi, 1706, fol. 134..
Curieusement absent des éditions successives du guide de Piganiol de La Force, le groupe d’Un Amour et deux petits tritons fut inventorié en 1850 (sous le numéro 9894) comme étant en plomb. Le dernier récolement a confirmé qu’il s’agissait bien d’un bronze – seuls les fruits et les feuilles sortant de la corne d’abondance étant en plomb.
Autour du bassin du Plat-Fond
En 1783, le plan gravé d’après Contant de La Motte signale, à l’extrémité du bassin du Plat-Fond, la statue de Pallas. Le Coup d’œil de Louis-Jacques Durameau indique qu’il s’agit de la Minerve Mazarin en porphyre (MR 341), placée dans une niche de verdure 4646. Description par Durameau, 1787, p. 168-169..
Le transfert de la Minerve Mazarin (MR 341) au Musée central des arts à Paris fut prévu en 1797 4747. Procès-verbaux du Conseil d’administration du Musée central des arts, janvier 1797-juin 1798, p. 115-116.. Elle est aujourd’hui conservée au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre.
Au-delà du bassin du Plat-Fond, l’emplacement de la Minerve Mazarin fut par la suite occupé par la statue du Rémouleur, dit aussi Milicus et Le Rotator (MR 1954), probablement installée en 1807 4848. Mémoire de charpente par Brian, septembre-novembre 1807.
D’origine inconnue, la statue du Rémouleur (MR 1954) provenait du parterre du Nord, où elle est attestée par le Cicerone de 1804 à l’emplacement de la Vénus accroupie d’Antoine Coysevox (MR 1826) 4949. Duchesne, 1804, p. 77.
En 2005, le Rémouleur (MR 1954) fut relégué, à la demande de l’architecte en chef des monuments historiques, à l’extrémité de l’allée située à l’arrière du bassin du Plat-Fond.
En 1787, le Coup d’œil de Durameau signale, de part et d’autre du bassin du Plat-Fond, deux figures antiques de marbre blanc entièrement restaurées 5050. Description par Durameau, 1787, p. 171.. Connues par des photographies d’Eugène Atget, ces deux statues – Jeune homme nu, la main appuyée sur un tronc d’arbre (MR 1970), et Antinoüs Capitolin ou Jeune gladiateur (MR 1971) – ont été récemment identifiées en réserve à Versailles. Elles sont situées en périphérie des Salles vertes par les inventaires de 1707 et de 1722, près du corps de garde des Suisses 5151. Inventaire des sculptures, 1707, p. 179-181, et Inventaire des sculptures, 1722, p. 137.. Leur transfert au bassin du Plat-Fond a pu avoir lieu peu de temps après 1783, date du plan gravé de Contant de La Motte qui indique des socles vacants.