Jardin du Dauphin
Figuré et désigné comme « bosquet nouvellement commencé » sur le plan gravé de Jean Raymond (fig. 1) d’après un dessin du fontainier Dominique Girard publié en 1714 (no 220) – comme « bosquet de Diane » par les comptes des Bâtiments du roi en mai 1715 et comme « bosquet du retour de chasse de Diane » sur le plan de Gaspard de Baillieul en 1724 –, le jardin du Dauphin, qu’il ne faut pas confondre avec le bosquet du Dauphin, est décrit dans l’édition de 1738 du guide de Jean-Aymar Piganiol de La Force11. Piganiol de La Force, 1738, t. II, p. 187-191. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. V, col. 872, paiement du 24 mai 1715 au sculpteur Hardy concernant des modèles de terre et de cire pour le nouveau bosquet de Diane à Versailles, ainsi que pour un bosquet de Marly..
Ce « jardin particulier pour servir à l’amusement du Dauphin », selon les termes de Piganiol de La Force, fut aménagé en 1736, à l’ouest et au sud du deuxième bosquet des Bains d’Apollon (ancien bosquet du Marais), dans une partie aujourd’hui occupée par le troisième bosquet des Bains d’Apollon22. Comptes des Bâtiments du Roi, 1736, fol. 32, paiement du 9 janvier 1737 aux sculpteurs Rousseau et Herpin pour ouvrages de sculpture en pierre, en plâtre et en plomb au pavillon et au bassin « du bosquet Dauphin du parc de Versailles pendant les 6 premiers mois de 1736 ». Voir aussi Inventaires et états des magasins des Bâtiments du roi, 1736, notamment fol. 59ro (délivrance de vieux plomb à Rousseau le 11 mai 1736 « pour faire l’enfant du bassin du bosquet dauphin [sic] »)..
Son principal ornement était un pavillon de forme octogonale, édifié par l’architecte Jacques V Gabriel, encadré de deux volières.
Au milieu du parterre qui s’étendait devant le pavillon, à l’ouest, un bassin était orné d’un groupe de plomb, un Enfant sur un dauphin (Vjs 880), ce dernier jetant de l’eau, œuvre du sculpteur Rousseau, probablement Jules-Antoine Rousseau.
Dans l’édition de 1738 du guide de Piganiol de La Force, la description du bosquet du Dauphin est illustrée de deux planches gravées par Jean-Baptiste Scotin : un plan du bosquet (fig. 2), sur lequel est figuré notamment le groupe en plomb au centre du bassin, et une vue représentant le pavillon et les deux volières.
Sur les côtés du parterre, dans le prolongement des volières, deux statues en marbre blanc furent installées sur des piédestaux en marbre de Languedoc : Louis XV en Jupiter (MR 1811), par Nicolas Coustou, et Marie Leszczynska en Junon (MR 1813), par Guillaume Ier Coustou, son frère. Les plans situent la première au sud, la seconde au nord.
Commandées par le roi en 1725, ces deux sculptures avaient été réalisées entre 1726 et 1731 avant d’être concédées au duc d’Antin, directeur des Bâtiments du roi, qui les avait fait placer dans les jardins de son château de Petit-Bourg. Elles y étaient demeurées jusqu’en 1736.
À l’arrière du pavillon, au sud-est, le jardin du Dauphin se prolongeait par un petit bois dont le principal ornement était une cascade de rocailles due au sculpteur Rousseau.
Le jardin du Dauphin semble avoir eu une existence relativement courte, l’édition de 1751 du guide de Piganiol de La Force le décrivant déjà au passé33. Piganiol de La Force, 1751, t. II, p. 187-191.. Pour autant, le plan de Jean Delagrive publié en 1753 (fig. 3), les éditions de 1755 et 1768 du guide d’Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville, le plan gravé en 1768 par Jean-André Hervet et l’Almanach de Versailles de 1778 le mentionnent toujours, sous l’appellation de « Petit bosquet44. Dezallier d’Argenville, 1755, p. 106-107 ; Dezallier d’Argenville, 1768, p. 130 ; Almanach de Versailles, 1778, p. 50. ».
À la faveur de la replantation générale des jardins, les deux sculptures des frères Coustou furent installées dans les jardins du Grand Trianon, devant le Buffet d’eau, où elles sont attestées en 177955. Dezallier d’Argenville, 1779, p. 158.. Elles furent transférées au musée du Louvre en 185066. Louvre, 1998, vol. I, p. 162 et 168.. Leurs socles galbés en marbre du Languedoc sont restés en place jusqu’en 2007. Identifiés l’année suivante dans le bois au sud du bassin du Plat-Fond, ils ont été transférés dans la réserve de sculpture du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.