Troisième bosquet des Bains d’Apollon
Dans le cadre de la campagne de replantation générale des jardins du château, le peintre Hubert Robert fut chargé de concevoir un nouveau bosquet des Bains d’Apollon, réalisé à partir de 177811. Cayeux, 1987, p. 70-79.. Il s’agit du troisième bosquet des Bains d’Apollon à avoir porté ce nom à Versailles. Il occupe l’emplacement du bosquet du Marais (devenu deuxième bosquet des Bains d’Apollon) et des bosquet et jardin du Dauphin.
En 1780, au sein d’une composition pittoresque (fig. 1), les trois groupes d’Apollon servi par les nymphes (MR 1866) et des Chevaux du Soleil (MR 1873 et MR 2044) furent installés, sous la conduite d’Augustin Pajou, dans un grand rocher artificiel22. Lettre du comte d’Angiviller à Pierre du 12 septembre 1780 ; Stein, 1912, p. 367-368..
La répartition des figures du groupe central d’Apollon servi par les nymphes (fig. 2) fut bouleversée par l’interversion des deux nymphes du fond et par la relative mise à l’écart de la nymphe portant le plateau. Surtout, par une véritable déconstruction du groupe, les terrasses des sept figures, désormais individualisées, furent disposées à des hauteurs différentes.
Dans une moindre mesure, les groupes des Chevaux du Soleil furent également malmenés, du fait notamment d’une disposition à des hauteurs différentes des terrasses des éléments constitutifs de chacun des groupes. En outre, pour la première fois depuis 1705, celui des frères Marsy (MR 2044) se retrouva entièrement à l’air libre, sans aucune protection (fig. 3).
En 1793, le sculpteur Claude Dejoux fut chargé de détruire « les fleurs de lys sur les housses des chevaux » du groupe des Marsy (MR 2044) et peut-être aussi du groupe de Guérin (MR 1873)33. État des ouvrages de sculpture faits par Dejoux, 1793..
Les effets désastreux induits par la présentation des groupes dans le rocher du bosquet des Bains d’Apollon à partir de 1780 (fig. 4 et 5) ont été constatés et décrits dans le cadre de l’étude préalable confiée au restaurateur Hubert Boursier en 2005 : érosion de la surface du marbre sous l’effet du ruissellement des eaux de pluie et des eaux de fontainerie, attaques salines occasionnées par la forte teneur en sulfates de ces dernières, phénomènes de fissuration probablement provoqués par des chocs thermiques répétés, colonisation des micro-organismes favorisée par l’humidité ambiante.
En 2005, à l’occasion de la restauration générale du bosquet, la question de la mise à l’abri des groupes sculptés suscita de vifs débats, qui portèrent en outre sur l’ensemble des sculptures en marbre des jardins. Le 2 avril 2007, la Commission nationale des monuments historiques a émis un avis favorable au programme, dont les groupes du bosquet des Bains d’Apollon marquaient la première étape.
L’action décisive de la Versailles Foundation a permis la dépose des trois groupes, le 10 juillet 2008 (fig. 6). Ce mécénat a également financé la réalisation des répliques (inv. 2010.00.001, inv. 2010.00.002 et inv. 2010.00.003) et leur mise en place en 2009. Conformes à l’état des œuvres au moment de leur dépose, ces répliques perpétuent la logique de présentation adoptée en 1780 (fig. 7), quand bien même la restauration des originaux a permis de retrouver la configuration originelle des groupes.