Bosquet de l’Arc de triomphe
Le bosquet fut aménagé entre 1677 et 1683 à l’emplacement de l’ancien Pavillon d’eau, qui datait de 1671-1672.
En 1681, le guide de Combes le décrit comme une des réalisations majeures de Versailles : « Au-dessous de la fontaine de la Pyramide, vous trouverez l’Arc de triomphe, qui est au milieu d’un bois. C’est la sixième merveille de Versailles. Il est tout de fer ou bronze doré, avec dix-sept cascades qui l’environnent. On void aux deux costez de cet Arc de triomphe deux belles nappes d’eau sur des pieds d’estal et, au-devant, une place avec quatre obélisques ou pyramides. Il y a aux deux costez de cette place deux belles fontaines de figure pyramidalle et, à chaque costé de ces fontaines, un bassin ou nape d’eau sur des scabellons de marbre blanc. Aux extrémitez de cette place, vis-à-vis l’Arc de triomphe, il y a encore aux deux costez deux bassins sur des pieds d’estal, qui répondent aux deux bassins qui sont aux deux costez de l’Arc de triomphe, avec une belle cascade d’eau. Au fonds est une Victoire qui fait face à l’Arc de triomphe11. Combes, 1681, p. 87-88.. »
Selon un manuscrit de Charles Perrault, disparu au xixe siècle mais cité par Jacques-François Blondel, Claude Perrault aurait participé à la conception du bosquet22. Blondel, 1752-1756, t. IV, 1756, p. 104-105.. Selon Claude Nivelon, Charles Le Brun aurait inspiré « La France triomphante dans l’Arc de triomphe et les autres sujets qui l’accompagnent33. Vie de Le Brun, vers 1699, p. 422. » : de fait, un dessin de la fontaine de La France triomphante, entreprise après 1681, et une feuille comportant trois études pour la figure de La Victoire (fig. 15), au couronnement de la fontaine de La Victoire, sont conservés au sein du fonds Le Brun au musée du Louvre44. Le Brun, vers 1681 ; Le Brun, vers 1678 (Beauvais, 2000, t. II, p. 682-684)..
En 1677, plusieurs sculpteurs fournirent des modèles pour l’« Arc de triomphe », qui désigne aussi bien la fontaine de L’Arc de triomphe, le principal motif du nouveau bosquet, que, par métonymie, le bosquet tout entier. François Girardon, Jacques Houzeau, Pierre Legros, Benoît Massou, Pierre Mazeline et leurs associés, Jean-Baptiste Tuby, ainsi que le peintre Tiercelin et le menuiser Tessier sont nommés par les sources comptables55. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 962 (paiements du 16 février 1677 à Houzeau et du 15 novembre 1677 à Tiercelin), 963 (paiements du 16 février 1677 à Legros, paiements, à partir du 16 mars 1677, à Legros et Massou et paiements, à partir du 23 juillet 1677, à Mazeline et ses associés), 964 (paiements, à partir du 23 juillet 1677, à Tuby) et 1044 (paiement du 10 février 1678 à Tessier, probablement pour un modèle d’exécution).. La somme la plus importante – 6 300 livres – fut versée aux sculpteurs associés Legros et Massou, entre mars 1677 et janvier 1678.
La partie haute du bosquet
Le lieu fut conçu comme une voie triomphale célébrant les récentes victoires militaires remportées par la France.
Au sud, la partie haute du bosquet est connue grâce notamment à une huile et à une gouache de Jean Cotelle (fig. 1) et une gravure de Pérelle intitulée L’Arc de triomphe de Versailles (fig. 2).
Formé d’une armature de marbre et de fer et orné de motifs sculptés, l’Arc de triomphe présentait trois baies égales, encadrées de grands pilastres ioniques supportant une frise de coquilles et de fleurs de lys. Son fronton était orné des armes de France, comme aux pavillons du bosquet des Dômes, ainsi que de cornes d’abondance, de feuilles d’acanthe, de cygnes, de dauphins. Disposées sur les rampants du fronton, les sept vasques à jets d’eau en faisaient une gigantesque fontaine.
Selon le témoignage de John Locke, qui visita le bosquet en août 1677, « three arches of iron work » étaient déjà en place à ce moment-là66. Friedman, 1989, p. 188..
Probablement au cours d’une cérémonie de pose de la première pierre qui eut lieu fin 1678, des médailles d’or et d’argent furent insérées dans les fondations de l’Arc de triomphe77. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1071, paiement du 9 décembre 1678..
L’exécution de la fontaine de L’Arc de triomphe fut confiée au maçon Pierre Bergeron, au serrurier Simon Delobel, aux chaudronniers Leschiquier et Martin Masselin, aux marbriers Jérôme Derbais, Philippe Dezègre, Jean Le Grue, Jean Mathault et Hubert Misson, aux sculpteurs Antoine Benoist, Jacques Blanchard, Jacques Houzeau, Pierre Legros, Benoît Massou, Pierre Mazeline et Claude Perreau88. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 957, 1039 et 1146 (Bergeron), 960, 1045, 1152 et 1274 (Delobel), 1049 (Perreau), 1051, 1164 et 1292 (Mathault et Mesnard), 1067 (Leschiquier et Masselin), 1157 et 1283 (Blanchard, Houzeau et Mazeline), 1159 (Benoist, Legros et Massou), 1163 et 1291 (Derbais, Le Grue et Misson), 1292 (Dezaigre) ; ibid., t. II, col. 58 (Houzeau et Mazeline).. Le parfait paiement, versé à Blanchard, Houzeau et Mazeline, indique que ces derniers ont travaillé en 1679 et 168099. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1283..
Le 23 mars 1679, un contrat fut conclu, entre Colbert et Jacques Blanchard, Jacques Houzeau et Pierre Mazeline pour les « ouvrages de marbre à faire pour la fontaine de L’Arc de triomphe et de La Victoire1010. Devis de marbrerie du 23 mars 1679. ». Portée en marge de la première page, une annotation précise, le 22 décembre 1680, que « ce marché a été exécuté conformément au présent devis suivant la vérification que j’en ay faite avec le sieur [François] Girardon, sculpteur, et le sieur [Philbert] Bernard, marbrier ».
La fontaine de L’Arc de triomphe est assez bien documentée par six dessins à la sanguine (fig. 3, fig. 4, fig. 5, fig. 6, fig. 7 et fig. 8), conservés à la Bibliothèque nationale de France1111. Agence des Bâtiments du roi (fonds Robert de Cotte), vers 1700-1, microfilms B 10381 (élévation générale), B 10383 (détail d’une arcade, de l’entablement et du fronton ; dessin publié par Marie et Marie, 1976, p. 362), B 10384 (profil), B 10385 (détail d’un côté), B 10386 (détail d’un côté), B 10387 (profil)..
Devant la fontaine de L’Arc de triomphe, la partie haute du bosquet, de plan carré, accueillit deux grands buffets d’eau latéraux (les « fontaines de figure pyramidalle » de Combes), qui ne sont jamais distingués en tant que tels par les sources comptables, ainsi que quatre obélisques ou pyramides dans les angles et huit vasques (ou « nappes d’eau ») portées sur des piédestaux (ou « scabellons »).
Les « pyramides de la fontaine du Pavillon » – du nom du bosquet du Pavillon d’eau, qui préexistait à celui de l’Arc de triomphe – sont mentionnées en cours d’exécution dès septembre 16761212. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 899.. Elles furent édifiées et décorées par les serruriers Pierre Marie et ses associés, les chaudronniers Leschiquier et Masselin, le marbrier Mathault et les sculpteurs Houzeau, Legros, Massou et Mazeline et leurs associés1313. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 899, 974, 1049, 1051, 1165, 1181 et 1318.. En août 1677, lors de sa visite du bosquet, John Locke vit les quatre pyramides en place1414. Friedman, 1989, p. 188.. Le 15 juillet 1678, un marché fut conclu avec le chaudronnier Masselin pour les « aiguilles de l’Arc de triomphe1515. Devis d’ouvrages de cuivre de chaudronnerie du 15 juillet 1678. » : il y est question de « desseins », qui doivent être remis au chaudronnier, mais l’auteur de ces derniers n’est pas indiqué. En revanche, conclu avec les sculpteurs Legros et Massou, le marché du 22 août 1678 concernant deux des quatre « bassins angulaires des piédestaux de la fontaine de L’Arc de triomphe » – ou bassins entourant les pyramides – comporte les noms de Girardon et de Bernard, qui ont certifié son exécution conforme, le 22 novembre 16801616. Devis de marbrerie du 22 août 1678.. Les deux autres bassins furent l’objet d’un marché conclu avec le marbrier Dezègre le 3 février 16791717. Devis de marbrerie du 3 février 1679..
Les huit vasques étaient de deux modèles différents : les documents comptables distinguent les guéridons – vasques portées par des gaines – et les piédestaux – vasques portées par des supports de forme carrée1818. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1015, prévisions pour 1678..
Le marbrier Roch Duchesnoy fut chargé des quatre piédestaux de plan carré, les sculpteurs Legros et Massou de leurs ornements de plomb1919. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1052, 1164, 1286 ; ibid., t. II, col. 57. Le marché conclu avec Duchesnoy a été conservé : sans en indiquer l’auteur, il mentionne un « modèle de plastre » et un « dessein » (Devis de marbrerie du 28 juillet 1679).. Ces derniers exécutèrent aussi les quatre gaines de marbre et leurs ornements de plomb et, après 1680, durant la seconde phase d’aménagement du bosquet, quatre gaines supplémentaires, du même modèle que les précédentes, dans la partie médiane du bosquet2020. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 1286 ; ibid., t. II, col. 57 et 311.. Parmi les rares vestiges à avoir survécu aux destructions révolutionnaires, ces huit gaines de marbre, dépouillées de leur décor de plomb, subsistent encore aujourd’hui (MR 3204, MR 3205, inv. 2014.00.1262, inv. 2014.00.1263, inv. 2014.00.1349, inv. 2014.00.1350, inv. 2014.00.1351 et inv. 2014.00.1352).
Conservés à la Bibliothèque nationale de France, des dessins à la sanguine (fig. 9, fig. 10, fig. 11, fig. 12 et fig. 13) témoignent des buffets d’eau de la partie haute du bosquet, ornés d’abondants reliefs sculptés, ainsi que des pyramides et des petites fontaines2121. Agence des Bâtiments du roi (fonds Robert de Cotte), vers 1700-1, microfilms B 10382 (reliefs d’un buffet d’eau), B 10388 (élévation d’un buffet d’eau), B 10394 (élévation latérale d’un buffet d’eau), B 10391 (pyramide et fontaine à support de forme carrée) et B 10392 (fontaine à support en gaine).. De ces dernières, le modèle de fontaine à support en gaine est également connu par deux beaux dessins (fig. 14), complémentaires, conservés à l’École nationale supérieure des beaux-arts et à Stockholm2222. Cauvet, seconde moitié du xviiie siècle ; Agence des Bâtiments du roi, fin du xviie-début du xviiie siècle-1, NMH THC 5141..
La partie basse du bosquet
La description publiée par Combes en 1681 permet de connaître le bosquet dans son premier état, avant les modifications introduites dans la partie basse. Cette dernière, au nord, n’était alors occupée que par la fontaine de La Victoire (Vjs 877), placée dans l’axe, face à celle de L’Arc de triomphe.
Le marché du 10 juin 1678 concerne « la taille et le polissage de tous les marbres qu’il conviendra pour la construction de la fontaine de La Victoire de Versailles suivant et conformément au plan, eslévation et modèle qui sont partis dans l’attelier desd. sieurs [Jacques] Houzeau, [Pierre] Mazeline et [Jacques] Blanchard2323. Marché entre le marbrier Coch et les sculpteurs Blanchard, Houzeau et Mazeline, 10 juin 1678. ». Les trois sculpteurs s’engageaient vis-à-vis du marbrier Christophe Coch à achever leur travail avant Pâques 1679, c’est-à-dire le 2 avril.
Ce marché ne semble pas avoir eu de suite, car, le 23 mars 1679, un nouveau contrat, mentionné plus haut, fut conclu, entre les mêmes sculpteurs et Colbert, pour les « ouvrages de marbre à faire pour la fontaine de L’Arc de triomphe et de La Victoire2424. Devis de marbrerie du 23 mars 1679. ». Portée en marge de la première page, une annotation précise, le 22 décembre 1680, que « ce marché a été exécuté conformément au présent devis suivant la vérification que j’en ay faite avec le sieur [François] Girardon, sculpteur, et le sieur [Philbert] Bernard, marbrier ».
En dehors des marchés du 10 juin 1678 et du 23 mars 1679, la fontaine de La Victoire (Vjs 877) n’est explicitement citée par les sources comptables, en 1681, qu’à l’occasion de son déplacement2525. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 92, parfait paiement de 1681 à Houzeau et Mazeline. : installée alors en position latérale, elle fut remplacée par la fontaine de La France triomphante (inv. 1850.9569).
Une des propositions de Le Brun (fig. 15) pour la figure allégorique de La Victoire représente cette dernière assise sur un globe2626. Le Brun, vers 1678 (Beauvais, 2000, t. II, p. 682-684).. Deux grands trophées comportant chacun une armure romaine furent placés de part et d’autre du globe sur lequel La Victoire fut finalement posée à genoux.
Gravée par Simon Thomassin en 1694, la fontaine de La Victoire (Vjs 877) est également illustrée par un très beau dessin conservé à Stockholm (fig. 16).
À partir de 1681, la partie nord du bosquet accueillit deux autres grandes fontaines de plomb. La fontaine de La France triomphante (inv. 1850.9569) fut disposée dans l’axe du bosquet, à la place de celle de La Victoire (Vjs 877). Seule à avoir subsisté, elle est due principalement à Jean-Baptiste Tuby, assisté d’Antoine Coysevox et de Jacques Prou.
La fontaine de La France triomphante (inv. 1850.9569) est dominée par la figure assise de La France, que Tuby a représentée comme une allégorie de Rome, dotée d’une lance et coiffée d’un casque, ici surmonté du coq gaulois. À ses pieds, les allégories des puissances étrangères ennemies de la France sont figurées comme les captifs d’un triomphe. À dextre, la figure de L’Espagne est assise sur un lion, à senestre, celle de L’Empire, assise sur un aigle. Si l’on en croit l’indication portée sur la gravure publiée dans le recueil de Thomassin, cette dernière aurait été réalisée par le seul Coysevox. À l’avant de la fontaine, l’hydre à trois têtes symbolise la Triple Alliance.
De part et d’autre de la partie basse du bosquet, les fontaines de La Victoire de la France (Vjs 877) et de La Gloire de la France (Vjs 838) furent disposées en avant de la fontaine de La France triomphante (inv. 1850.9569), la première à l’ouest, la seconde en face, à l’est. Une huile et une gouache de Jean Cotelle (fig. 17) représentent cette nouvelle disposition2727. Cotelle, 1688-12.. La fontaine de La Victoire était due à une équipe de trois sculpteurs, Jacques Blanchard, Jacques Houzeau et Pierre Mazeline, celle de La Gloire à ces deux derniers seulement, avec semble-t-il une participation de Coysevox.
Les gravures de Thomassin ayant pour sujet les fontaines de La Victoire de la France (Vjs 877) et de La Gloire de la France (Vjs 838) montrent sur chacune de ces fontaines une vasque centrale en forme de coquille et deux vasques latérales de même forme2828. Thomassin, 1694, pl. 130 et 131.. L’une des vasques latérales (fig. 18) a récemment été identifiée dans les réserves du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon (inv. 2015.00.364).
De chaque côté de ces fontaines latérales, Legros et Massou sculptèrent quatre nouveaux supports de vasques, de forme triangulaire, ornés de tritons, les seuls éléments conservés qui puissent être rattachés aux deux fontaines (MR 3203, MR 3206, MR 3207 et MR 3208).
En 1783, le plan de Contant de La Motte signale deux bustes dans la partie haute du bosquet de l’Arc de triomphe2929. Donnée confirmée par Garreau, 1816, p. 312, qui semble se référer au plan de Contant de La Motte.. Dans la mesure où aucune autre source ne les mentionne et qu’ils n’ont pas été identifiés, il est probable qu’il s’agisse d’une erreur de Contant de La Motte.
De la Révolution à nos jours
Dorées à l’origine, toutes les sculptures de plomb du bosquet de l’Arc de triomphe furent par la suite peintes en couleur de bronze3030. Mémoire de mise en couleur de bronze des plombs du bosquet de l’Arc de triomphe, début du xviiie siècle.. Cette dernière était obtenue par application préalable de trois couches de peinture jaune à l’huile, qui offraient une meilleure accroche au vernis couleur de bronze, à l’esprit-de-vin.
À l’exception des gaines et, placés après 1681 dans la partie basse du bosquet, de la fontaine de La France triomphante (inv. 1850.9569), des quatre supports de vasques de forme triangulaire et d’une vasque latérale (fig. 18) provenant de la fontaine de La Victoire (Vjs 877) ou de la fontaine de La Gloire (Vjs 838), tout le décor du bosquet de l’Arc de triomphe, réalisé pour l’essentiel en plomb, fut détruit en 17933131. Registre des plomb, soudure, cuivre, potin et menuiserie, 1789-1802, fol. 61-63, 27 frimaire an II-22 germinal an II.. Selon Michel-Antoine Garreau, la fontaine de L’Arc de triomphe fut détruite en 18013232. Garreau, 1816, p. 312..
En 1850, le conservateur du musée de Versailles alerta le comte de Nieuwerkerke sur l’état du groupe de La France triomphante (inv. 1850.9569) : « Il existe dans un bosquet réservé dont la jouissance a été concédée à M. le préfet de Seine-et-Oise un beau groupe en plomb de Jean-Baptiste Tuby et Antoine Coysevox représentant la France triomphante. Par suite de l’état de dégradation du soubassement, ce groupe n’est plus d’aplomb et le poids a déjà fait fléchir la jambe d’une des figures d’esclave par Coysevox. M. Questel ne peut malheureusement, faute de fonds, remédier à cet état de choses qui compromet l’existence d’un remarquable objet d’art3333. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1848-1852 et 1877-1878, p. 31, lettre du 9 mars 1850.. »
Le groupe de La France triomphante (inv. 1850.9569) fut lourdement restauré en 18833434. Souchal, 1977-1993, t. III, 1987, p. 349. : la tête et le bras dextre furent alors entièrement refaits. Au terme d’une nouvelle restauration en 1993-1998, il a été redoré.
En 1884, l’architecte du palais de Versailles, qui était alors en train de restaurer le bosquet de l’Arc de triomphe, écrivit au conservateur du musée pour lui demander d’y placer « diverses statues de marbre ayant déjà figuré dans différents endroits du parc, et momentanément rentrées en magasin. Ces statues sont : deux Faunes jouant et dansant ; un groupe représentant un Satyre jouant avec l’Amour ; Flore par Magnier ; Arion par Raon ; Galatée par Tuby ; Le Point du jour par P. Legros ; Un chasseur de sanglier ou Méléagre par Coustou ; bustes3535. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1881-1884, p. 162, lettre d’Alfred Leclerc, architecte du palais de Versailles, à Charles Gosselin, conservateur du musée de Versailles, 9 mai 1884. ».
La liste définitive fut arrêtée deux ans plus tard, comme l’écrit le conservateur du musée au directeur des Musées nationaux : « J’ai eu l’honneur, il y a deux ans, de vous dire un mot de la restauration entreprise par Monsieur l’architecte du palais, au bosquet de l’Arc de triomphe. Bien que ce travail concernât particulièrement les Bâtiments civils, les Musées nationaux devaient prendre leur part en concourant à l’ornementation de cette partie du parc, depuis longtemps fermée au public. La restauration est maintenant terminée et le nouveau bosquet va être ouvert. Plusieurs statues, qui se trouvaient dans nos magasins ont été transportées et seront désormais rendues à leur destination. Je joins la liste de ces œuvres d’art : six bustes en marbre blanc : Alexandre, Minerve, Diane, Rome, Cléopâtre, Caracalla ; deux statues en plomb : Ésope par Legros (3457 AC), l’Amour fileur (3455 AC) par J.-B. Tuby, proviennent de l’ancien labyrinthe ; deux groupes de marbre : Amour domptant un satyre (inconnu, 1987 AC), le Chasseur au sanglier, signé N. Coustou 1706 (ce groupe provient du parc de Marly) ; quatre statues de marbre : Galathée par J.-B. Tuby (provenant de la grotte de Thétis, démolie en 1684, 2101), Flore, signée Magnier, 1704 (2037), Le Point du jour, signé Legros, 1696 (2019), Arion, signé Joannes Raon Parisiensis, 1695 (2078). Ces trois [sic] statues étaient au bosquet des Dômes, avaient été transportées à Saint-Cloud et ramenées à Versailles, où on les avait mises en magasin. Je ne vous parle que pour mémoire du groupe de La France triomphante par Coysevox et Tuby, complètement restauré, car ce magnifique ouvrage, faisant partie d’un bassin n’est pas porté sur les inventaires du Louvre3636. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1884-1887, p. 127 et 129, lettre du 21 juin 1886.. »
Grâce aux photographies anciennes (fig. 19, fig. 20 et fig. 21) et au plan du guide de Masson de 1903 (fig. 22), il est possible de connaître l’emplacement des œuvres mises en place en 1886.
Installées dans la partie haute du bosquet, les quatre statues provenant du bosquet des Dômes ne restèrent que dix ans3737. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1893-1903, non paginé, lettre du 6 août 1896 du conservateur du musée au directeur des Musées nationaux. : Galatée de Jean-Baptiste Tuby (MR 2101), Arion de Jean Raon (MR 2078), Le Point du jour de Pierre Legros (MR 2019) et L’Aurore de Philippe Magnier (MR 2037) regagnèrent dès 1896 leur bosquet d’origine.
Disposé au centre de la partie basse du bosquet, le groupe d’Amour jouant avec un satyre (MR 1987) provenait du château de Maisons, où il avait été saisi en 1793. L’inventaire MR et l’inventaire de 1850 le localisent en magasin à Versailles. L’inventaire de 1857 le situe au bosquet de la Salle de bal, qu’il quitta avant 1877. Au bosquet de l’Arc de triomphe, il fut posé sur une table de marbre supportée par des consoles ornées de pattes de lion (ces dernières provenant des buffets d’eau du bosquet du Marais [Vjs 1045]), comme le montre une photographie ancienne de la collection Malitte-Richard (fig. 22). En 1893, le conservateur du musée fit mettre ce groupe à l’abri3838. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1893-1903, non paginé, lettre du 31 juillet 1893 du conservateur du musée à l’architecte du palais..
Disposées dans la partie basse du bosquet, les statues en plomb d’Ésope de Legros (MR 3457) et de L’Amour de Tuby (MR 3455) furent mises à l’abri en 19213939. Brière, Pératé, 1922, p. 5..
Installé au centre de la partie haute du bosquet, le groupe du Chasseur terrassant un sanglier, dit Méléagre de Nicolas Coustou (MR 1952), fut victime d’un acte de vandalisme en 1890. Ainsi que l’écrit le conservateur du musée à l’architecte du palais, « je m’étonne que vous ne m’ayez pas prévenu officiellement de cet accident. Les statues du parc, comme vous le savez, sont dans le ressort du conservateur, qui en est responsable vis-à-vis de la direction des Musées nationaux. La garde de ces statues est confiée à vos employés et je constate avec regret que la surveillance n’est pas mieux exercée, puisqu’un fragment assez considérable de sculpture peut-être impunément enlevé4040. Correspondance des conservateurs du musée de Versailles, 1889-1893, non paginé, lettre du 10 octobre 1890 du conservateur du musée à l’architecte du palais. ». L’œuvre fut mise en dépôt, par arrêté de 1938, à Marly, où elle fut transférée en ou après 19434141. Mémoire de nettoyage par la société Luxolithe, 1er juin 1943.. Depuis 2013, elle est en dépôt au musée du Louvre.
Des six bustes énumérés en 1886, deux ont disparu à une date inconnue, postérieure à 19254242. Mémoire de nettoyage par Thomas & Harrison, 27 mars 1925. : Cléopâtre (Vjs 479) et Caracalla (Vjs 884), qui ne sont plus connus que par des photographies anciennes (fig. 19). Ils étaient installés dans la partie haute du bosquet.
Disposés dans la partie basse du bosquet, les quatre autres bustes ont été mis à l’abri en 2000 : Alexandre le Grand (MR 2201 ; MV 9009), Diane (MR 2367 ; MV 9011), Minerve (MR 2485 ; MV 9010) et Rome (MR 2619 ; MV 9012).
Les deux colonnes tronconiques cannelées (MV 9013.1 et MV 9013.2) qui supportaient les bustes de Cléopâtre (Vjs 479) et de Caracalla (Vjs 884), comme le montrent des photographies anciennes (fig. 19), furent également mises à l’abri en 2000. Provenant initialement du monument funéraire de Jacques de Souvré sculpté par François Anguier (inv. LP 550, déposé par le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon au musée du Louvre en 1850), elles ont été déposées au musée du Louvre en 2007.
Les déposes de 2000 ont été préalables à la restauration du bosquet de l’Arc de triomphe, restitué dans sa configuration primitive, à l’exception du décor sculpté et des équipements hydrauliques. Plus aucune trace des aménagements du xixe siècle ne subsiste sur place : en dehors des sculptures, de nombreux éléments en marbre du mobilier sont aujourd’hui entreposés dans la réserve lapidaire du château de Versailles (banc circulaire, balustres, table, consoles ornées de pattes de lion).
Non mentionnés par la liste de 1886, quatre Vases aux anses formées d’une sirène (inv. 2015.00.361, inv. 2019.00.001, inv. 2019.00.002 et Vjs 862) sont attestés par des photographies et cartes postales de la fin du xixe siècle et du début du xxe (fig. 19, fig. 20 et fig. 23) siècle au bosquet de l’Arc de triomphe. Ils étaient disposés dans la partie haute du bosquet.
Ces fontes du xixe siècle ont été exécutées d’après le modèle des vases en bronze de la tablette du parterre du Nord (MR 3430 et MR 3431). Elles proviennent peut-être de Saint-Cloud4343. Soulié, 1872, fol. 83, 2 avril 1872..Les quatre vases ont probablement quitté le bosquet en 1957 ou 19584444. Mémoire de plomberie d’art par l’entreprise Fonderie et restauration d’art, 30 juillet 1958, réparation de deux vases et métallisation de quatre vases suivant ordre de service du 20 décembre 1957. : trois d’entre eux (inv. 2015.00.361, inv. 2019.00.001 et inv. 2019.00.002) ont été récemment identifiés dans l’aile nord des Ministres, dans les locaux de l’agence de l’architecte en chef des monuments historiques, et dans l’Orangerie.