Alexandre Maral, avec la collaboration de Cyril Pasquier
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Jardins de Versailles Bosquets actuels Bosquet de l’Encelade

Bosquet de l’Encelade

Le bosquet de l’Encelade fut aménagé par André Le Nôtre au cours des années 1675-1676. Balthasar Marsy étant décédé depuis 1674, seul son frère, Gaspard, fut l’auteur de la statue en plomb du géant Encelade (inv. 1850.9658).

Selon Claude Nivelon, Charles Le Brun avait donné le dessin de cette fontaine11. Vie de Le Brun, vers 1699, p. 422..

L’épisode représenté appartient à la gigantomachie ou combat primordial des géants contre les dieux. Issus de la Terre, fécondée par le sang d’Uranus au moment où ce dernier fut émasculé par Saturne, les géants entreprirent une lutte sans merci contre les dieux de l’Olympe. Avec l’aide d’Hercule, ces derniers parvinrent à les vaincre, les uns après les autres : Encelade, l’un des principaux géants, fut enseveli sous les rochers du mont Etna, qu’il avait entassés pour parvenir jusqu’au séjour des dieux.

Gaspard Marsy donna à son géant des proportions quatre fois plus grandes que celle d’un homme. La figure monstrueuse est en grande partie ensevelie sous les rochers, qui laissent voir la tête, couverte d’une épaisse chevelure et d’une barbe hirsute, une poitrine abondamment velue et deux mains crispées par l’effort et la douleur. Haut de huit mètres à l’origine, le jet d’eau qui sort de la bouche d’Encelade symbolise son cri de révolte et de désespoir.

La représentation du géant par Marsy semble tributaire du modèle défini par Giulio Romano pour la Sala dei Giganti au Palazzo del Tè à Mantoue : déjà en 1701, le guide de Jean-Aymar Piganiol relève cette affinité stylistique en précisant que le peintre maniériste ne désavouerait pas l’œuvre de Marsy s’il pouvait la voir22. Piganiol de La Force, 1701, p.  307.. En outre, l’expression du visage d’Encelade, mêlée de douleur et de révolte, pourrait dériver du modèle antique du Laocoon, qui fit l’objet de trois conférences à l’Académie royale de peinture et de sculpture entre 1667 et 1676.

1. Vie de Le Brun, vers 1699, p. 422.
2. Piganiol de La Force, 1701, p.  307.