Termes de pierre
En 1664, les sources comptables mentionnent douze termes de pierre (Vjs 635, Vjs 1053, Vjs 1054, Vjs 1055, Vjs 1056, Vjs 1057, Vjs 1058, Vjs 1059, Vjs 1060, Vjs 1061, Vjs 1062 et Vjs 1063), sculptés par Louis Lerambert pour le parterre à fleurs, à l’emplacement de la moitié orientale de l’actuel parterre du Midi11. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 20-21, paiements de février-septembre 1664..
Selon Georges Guillet de Saint-Georges, ces termes représentaient « les douze signes du zodiaque, avec leurs symboles22. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, 2008, vol. 2, p. 501-508 (« Mémoire historique des ouvrages de sculptures de M. Lerambert » lu le 7 mars 1693), à la p. 506. ».
Peint à la fin des années 1660, le tableau de Pierre Patel (fig. 1) ne figure aucun terme sur le parterre à fleurs.
En 1664-1665, les sources comptables mentionnent treize autres termes de pierre (Vjs 684), sculptés par Jacques Houzeau pour la clôture du parterre à fleurs, dit aussi jardin du Roi33. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 21, paiements de février 1664-mars 1665.. Dans la mesure où ils étaient intégrés à un dispositif de clôture, ces termes étaient très probablement en pierre.
Comme le montre le tableau de Patel (fig. 1), ces termes étaient bicéphales.
Ils sont au nombre de quatorze sur deux gravures d’Israël Silvestre datées de 1664, l’une intitulée Veue et perspective du chasteau de Versailles du costé de l’Orangerie (fig. 2), l’autre, Veue du chasteau de Versaille [sic], servant de composition principale à la page de titre des Plaisirs de l’Isle enchantée. Le tableau de Patel en montre dix-huit.
Contemporain de l’achèvement de l’aile du Midi, vers 1682, un dessin anonyme (fig. 3) représente les termes dans une disposition différente : les huit termes visibles scandent la clôture du parterre, désormais établie dans l’angle nord-ouest. Il n’est pas impossible que les termes aient été ainsi redisposés à la faveur du chantier de l’Enveloppe, autour de 1670.
En avril-mai 1682, le sculpteur François Fontelle fut rétribué pour le « rétablissement qu’il fait aux termes de la grille du parterre à fleurs »44. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 197, paiements des 19 avril et 10 mai 1682..
La grille du parterre à fleurs (dit aussi alors parterre de l’Amour) fut démontée en 168555. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 608, paiement du 24 juin 1685 au charpentier François Potage..
Le tableau de Patel (fig. 1) montre également huit termes simples servant de piliers aux grilles donnant accès aux jardins, quatre de chaque côté du château.
En 1664, les sources comptables mentionnent huit termes de pierre de Thibaut Poissant, déjà installés en septembre66. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 21-22, paiements de septembre 1664-mars 1665, et col. 27 (paiement du 23 décembre 1664)..
Selon Guillet de Saint-Georges, ces termes, effectivement au nombre de huit, représentaient Jupiter (Vjs 384), Neptune (Vjs 1012), Pluton (Vjs 1013), Junon (Vjs 1014), Vénus (Vjs 1015), Apollon (Vjs 770), Mercure (Vjs 791) et Pan (Vjs 957) et ils étaient placés « au Fer à cheval », c’est-à-dire sur le parterre de Latone77. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, 2008, vol. 1, p. 366-377 (« Mémoire historique des ouvrages de sculptures de M. Poissant » lu le 16 juin 1691), à la p. 376..
Ces termes correspondent peut-être à ceux évoqués par le poète Jean de La Fontaine dans sa description versifiée du parterre de Latone, rédigée en 1668 et publiée en 1669 au sein du recueil intitulé Les Amours de Psyché et de Cupidon :
« À l’entour de ce lieu [le bassin de Latone], pour comble de beautés,
Une troupe immobile et sans pieds se repose,
Nymphes, héros et dieux de la métamorphose,
Termes, de qui le sort semblerait ennuyeux
S’ils n’étaient enchantés par l’aspect de ces lieux. »
Au bas du parterre de Latone, le tableau de Patel (fig. 1) ne montre pas de termes, mais huit mystérieuses statues, qui ne sont mentionnées par aucune autre source.
En 1664, les sources comptables mentionnent aussi six termes (Vjs 728) d’Anguier88. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. I, col. 21, paiements des 30 juin et 25 septembre 1664..
Selon Guillet de Saint-Georges, ces termes étaient de Michel Anguier et étaient situés dans la Grande Allée, c’est-à-dire l’allée Royale99. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. II, 2008, vol. 1, p. 244-258 (« Mémoire historique des ouvrages de sculptures de M. Anguier » lu le 6 mai 1690), à la p. 253..
Ces termes ont peut-être été déplacés au plus tard en 1687 : cette année-là, les manouvriers Picard et Le Cocq furent rétribués « pour avoir transporté hors le jardin la pierre des piédestaux qui estoient dans l’allée Royalle1010. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 1120, paiement du 11 mai 1687. ».
Selon Louis-François Dubois de Saint-Gelais, qui est le seul à les mentionner, six termes de Michel Anguier se trouvaient à Trianon en 17301111. Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture, 1648-1792, t. IV, 2010, vol. 2, p. 396-401 (« Vies de Nicolas Hallier, Pierre Toutain et Michel Anguier », conférence lue le 3 juin 1730), à la p. 399.. Dubois de Saint-Gelais étant la seule source à en faire mention, il est impossible de savoir s’il s’agit des termes provenant de Versailles et s’ils furent disposés dans les jardins de Trianon.
Gravés par Jean Lepautre en 1674, dix-huit termes attribués à Lerambert et situés dans les jardins de Versailles représentent neuf couples mythologiques : Jupiter et Junon (fig. 4), Apollon et Daphné (fig. 5), Mercure et Minerve (fig. 6), Adonis et Vénus (fig. 7), Bacchus et Ariane (fig. 8), Endymion et Diane (fig. 9), Hercule et Omphale (fig. 10), Persée et Andromède (fig. 11), Comus et Pan (fig. 12).
En 1687, le sculpteur Claude Bertin fut rétribué, à hauteur de 94 livres, « pour le rétablissement qu’il a fait aux seize termes de pierre qui sont au bout du canal, du costé de la Ménagerie1212. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. II, col. 1116, paiement du 22 juin 1687. ». Il est impossible de savoir de quels termes il s’agit.
Daté de 1692, un plan des termes (fig. 13) situe vingt termes de pierre dans les jardins du château :
- Quatre à l’angle sud-ouest du bassin de Neptune : Diane (Vjs 636), Saturne (Vjs 638), Rhéa (Vjs 651), Apollon (Vjs 643)1313. Les termes de Diane et d’Apollon sont représentés sur le tableau commandé à Jean Cotelle en 1688 pour la galerie de Trianon et représentant le bassin du Dragon et une partie de celui de Neptune (Cotelle, 1688-10)..
- Quatre à l’extrémité nord de l’allée de l’Été : Le Printemps (Vjs 652), L’Été (Vjs 653), L’Automne (Vjs 677), Flore (Vjs 679).
- Six à l’extrémité nord de l’allée du Printemps : Mercure (Vjs 680), Jason (Vjs 681), Callisto (Vjs 682), Mars (Vjs 683), Ariane (Vjs 688), Bacchus (Vjs 689).
- Trois à l’extrémité nord de l’allée d’Apollon : Omphale (Vjs 690), Adonis (Vjs 691), Hercule (Vjs 730).
- Trois à l’extrémité sud de l’allée d’Apollon : Daphné (Vjs 731), Vénus (Vjs 783), Apollon (Vjs 807).
Neuf de ces termes pourraient correspondre à ceux gravés par Lepautre en 1674 : Diane (Vjs 636), Mercure (Vjs 680), Ariane (Vjs 688), Bacchus (Vjs 689), Omphale (Vjs 690), Adonis (Vjs 691 ou Vjs 870), Hercule (Vjs 730), Daphné (Vjs 731) et un des deux termes d’Apollon (Vjs 643 ou Vjs 807).
En 1692 ou 1693, en même temps que les sculptures de la Petite Commande, douze termes de pierre furent donnés par le roi à son frère, Monsieur. Leur transport à Paris, probablement dans les jardins du Palais-Royal, fut rétribué en février 16931414. Comptes des Bâtiments du Roi, 1664-1715, t. III, col. 855, paiement du 8 février 1693 au fils de Daniel Fossier (garde du magasin des marbres), chargé du transport des sculptures..
Il est difficile de savoir à quel moment les autres termes de pierre ont disparu des jardins. Ils n’apparaissent pas dans les inventaires de 1694 et de 1707, mais ils ne l’étaient pas non plus dans celui de 1686. Aucun guide ou description des jardins n’en fait état, avant comme après 1692.
En revanche, « seize termes ou figures d’hommes et de femmes de peu de valleur, plusieurs étant gastez, et qui étoient dans la cour du magasin » sont signalés par un état des magasins de Versailles d’avril 17101515. État des sorties des magasins de Versailles, avril 1710, p. 41.. Livrés au « magasin des démolitions » le 1er avril, ils en sortirent dans le courant du même mois. Si l’on considère leur nombre, il pourrait s’agir des termes que Bertin avait restaurés au plus tard en 1687, évoqués plus haut.