L’Aurore

Jean-Joseph Vinache (1696-1754) et Nicolas-François Gillet (1712-1791)

« Une jeune femme assise, à demi étendue sur une nuée. La tête légèrement inclinée sur l’épaule, elle semble s’éveiller et sourit doucement aux premiers rayons du jour. Elle est entièrement nue, une draperie ramenée sur la cuisse gauche, les ailes demi éployées, des roses fixées dans les cheveux. De la main gauche elle tient la torche, symbole des premiers feux de l’aurore, et de la main droite mollement étendue, elle sème des fleurs sur la terre. » (Lesueur, 1912 [éd. 1980], p. 105-106).

Estimée 10000 livres en décembre 1754 ; Jean-Joseph Vinache a alors reçu 3400 livres (2200 en 1748 et 1200 en 1749) et une somme de 3200 livres est allouée par Marigny à la veuve du sculpteur et 3400 livres au sculpteur (pas encore désigné) chargé de terminer l’exécution de l’œuvre.
Estimée 8000 livres en 1756 « dans l’état où elle étoit à [la] mort » de Vinache, d’après une ordonnance à l’attention des héritiers du sculpteur.Parfait paiement, groupé, à Nicolas-François Gillet le 8 août 1757 pour « les ouvrages de sculpture en marbre qu’il a faits pour finir une figure représentant l’aurore de 6 pieds de haut et un groupe […] qui avoient été commencés par le feu S. Vinache, et ce pendant l’année 1757 », dont 2000 livres pour L’Aurore.
Parfait paiement groupé aux héritiers de Vinache le 8 août 1760, dont 4 400 livres pour L’Aurore.

Commandée, probablement en 1746, pour les jardins de Versailles par Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem, directeur des Bâtiments du roi.
Délivrance à Jean-Joseph Vinache le 10 juin 1746 d’un bloc de marbre blanc statuaire pour « une figure représentant l’aurore ».
Délivrance au même le 23 janvier 1749 d’une tranche de marbre blanc statuaire en remplacement du bloc délivré en 1746, défectueux.
Statue inachevée à la mort de Vinache en décembre 1754.
Achèvement confié à Nicolas-François Gillet par Charles-Nicolas Cochin, secrétaire de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture.
Contrat passé le 23 décembre 1755 entre la veuve de Vinache et Gillet, qui s’engage à mener à terme l’exécution de l’œuvre moyennant 2000 livres.
Achevée avant août 1757, date du parfait paiement à Gillet.
Mise en sécurité, probablement dès 1758, dans la salle des Antiques du Louvre, à l’initiative de Cochin, la statue étant « dans un des atteliers du Louvre au-dessous des endroits où l’on bâtit ».
Donnée le 22 mars 1768 par Louis XV au marquis de Marigny, qui fait installer l’œuvre dans les jardins de son château de Menars.
Acquise en 1881 par Edmond de Rothschild.
Spoliée durant l’Occupation, puis restituée après la guerre.

Conçue comme pendant à la statue d’Iris (MR 1948) de Nicolas-Sébastien Adam et Claude Michel, dit Clodion.
Dans l’ordre de délivrance qu’il adresse à Beaufort le 23 janvier 1749, Le Normant de Tournehem fait état de la défectuosité du bloc délivré en 1746 : « il s’est trouvé un fil en épanelant dans la partie de la tête qui le met [le bloc] hors d’état de servir pour cette figure [L’Aurore] ; lequel bloc épanelé restera dans l’attelier dud[it] S. Vinache pour être emploié aux premiers ouvrages qui lui seront ordonnés pour le service du roy ».
L’État des ouvrages de peinture et de sculpture ordonnez et commencez signale, dès novembre 1749, que Vinache « ne peut finir la figure de L’Aurore ».

Relevé général des marbres sortis des magasins de Paris, 1746-1752, à la date du 10 juin 1746.
État des ouvrages de peinture et de sculpture faits pour le service du roi, 20 juillet 1746, p. 754.
État des ouvrages de peinture et de sculpture ordonnés et commencés, novembre 1749.
État général des ouvrages de sculpture faits et livrés pour le roi, 31 décembre 1754.
Contrat entre la veuve de Vinache et Gillet, 23 décembre 1755.
Comptes des Bâtiments du roi, 1756, fol. 348 (parfait paiement du 8 août 1760).
Ordonnance pour les ouvrages de sculpture exécutés par Vinache, exercice 1756.
Comptes des Bâtiments du roi, 1757, fol. 358v^o.
Lettre de Cochin à Marigny du 2 juin 1758.
État alphabétique des ouvrages de peinture et de sculpture ordonnés pour le service du roi, 16 juin 1764.
État des grâces et dons accordés par Louis XV au marquis de Marigny, 27 décembre 1775, à la date du 22 mars 1768 (réputée « d’après l’antique »).
Relevé des ordres de délivrance de marbre, 1727-1751, à la date du 23 janvier 1749.

Basan, 1785, p. 4, n^o 5.
Catalogue de la vente des sculptures du château de Menars, 10 juin 1881, p. 8-9, cat. 2 (repr.).
Plantet, 1885, p. 97 et p. 145-146, repr.
Thirion, 1885, p. 136.
Lami, 1910-1911, t. I, p. 373 (Gillet) ; t. II, p. 396 (Vinache).
Lesueur, 1912 (éd. 1980), p. 101 (repr.), 104-106, 167, 179 et 254.
Furcy-Raynaud, 1927, p. 25-26, 364-366 et 376-378.
Cat. exp. Les Adam, 2021, 2021, p. 216-217, fig. 119.
Cat. exp. Chefs-d’œuvre retrouvés, 2022, p. 202 et 206 (texte de L. Arsac et Isabelle Gensollen), 212-221 (texte de L. Arsac ; repr.), 230, 233 et 254 (notices de Laura de Fuccia).